Plus de 15 000 personnes laissées sans solution
Le droit à l’hébergement d’urgence, reconnu comme une liberté fondamentale par le Conseil d’Etat dans une ordonnance du 10 février 2012, reste encore lettre morte puisque cet hiver, sur l’ensemble des demandes d’hébergement faites au 115 dans les 37 départements de l’échantillon du baromètre 115 de la FNARS, la moitié n’a pas trouvé de réponse. Le seul moment de répit a été le mois de février, parce que les services de l’état se sont mobilisés lors du déclenchement du plan grand froid.
L’absence de places disponibles constitue le motif principal des réponses négatives apportées par les 115 : 53% des demandes sur la période hivernale. Même en hiver, période pendant laquelle des moyens supplémentaires sont mobilisés, des demandes d’hébergement demeurent non satisfaites faute de réponses suffisantes et adaptées.
Un système de portes tournantes dont certains restent exclus
A la faiblesse des réponses apportées, s’ajoute l’inadaptation des réponses et l’incapacité du dispositif d’hébergement à favoriser l’accès à des solutions durables pour les personnes à la rue. 50% des appelants du 115 entre novembre 2011 et mars 2012 étaient ainsi déjà connus du dispositif d’urgence. Quant aux solutions d’hébergement proposées, elles restent dans la majorité des cas de courte durée, plaçant les personnes dans une situation d’exclusion chronique. Observons également qu’un tiers des personnes ayant appelé le 115 n’ont jamais été hébergées.
A l’heure où s’ouvre un nouveau quinquennat, cet état des lieux permettra, dans les années à venir, de mesurer les effets des nouvelles politiques qui seront menées. François Hollande, lors de sa campagne, a pris des engagements clairs en termes de politique du logement et d’hébergement: construction de 150 000 logements sociaux et très sociaux par an, relèvement du seuil minimum de logements sociaux fixés par la loi SRU, encadrement des loyers, gel des expulsions sans solution de relogement pour les ménages prioritaires au DALO, fin de la gestion hivernale de l’hébergement, création des places nécessaires pour répondre aux besoins d’urgence sur les territoires, poursuite l’humanisation des centres d’hébergement… La FNARS veillera à ce que ces engagements soient tenus afin que nul ne soit enfin contraint de vivre dans la rue. Pour cela, il ne suffira pas de créer des places supplémentaires, même si c’est un préalable. Ce n’est donc pas seulement une obligation de moyens mais de résultats.