Le constat est inquiétant : en quinze ans, chaque conducteur a perdu en moyenne 20 minutes de sommeil par nuit. Cela représente un déficit de sommeil cumulé de 7 300 minutes par an, soit l’équivalent de 15 nuits de 8 heures. Une réalité préoccupante dont les causes sont en grande partie liées à l’évolution des modes de vie : allongement des trajets entre le domicile et le lieu de travail, multiplication des technologies distractives (écrans d’ordinateurs, tablettes, smartphones), etc. Les médecins responsables de cette enquête estiment que cette dette chronique de sommeil peut avoir d’importantes répercussions sur la vie quotidienne des Français, et notamment sur leur aptitude à conduire. Les résultats montrent ainsi que 18% des conducteurs ont connu des épisodes de somnolence sévère au volant, ayant entraîné une gêne réelle sur la conduite, dans les 3 mois précédant l’étude, soit le double d’il y a quinze ans.
Au regard de cette situation, la période des départs en vacances peut constituer un facteur aggravant, en raison notamment du temps nécessaire à la préparation du voyage ou des départs de nuit. 31% des conducteurs accusent en effet un déficit d’au moins une heure de sommeil le jour du départ par rapport à leur temps de sommeil habituel, et parmi eux 59% n’en ont pas conscience. La dette de sommeil ponctuelle se cumule donc à la dette de sommeil chronique, multipliant le risque de somnolence au volant, sans que les conducteurs concernés prennent toujours la mesure des risques encourus.
L’influence directe de la dette de sommeil sur la somnolence au volant
Les effets de cette dette de sommeil cumulée sont significatifs : l’étude fait apparaître que plus d’un conducteur sur dix a connu un épisode de somnolence sévère pendant le trajet en cours. En étudiant de plus près l’hygiène de sommeil de ces conducteurs somnolents, les médecins ont constaté que leur temps de sommeil était systématiquement inférieur à celui des conducteurs non-somnolents, en particulier la nuit précédant leur départ en vacances, au cours de laquelle ils ont dormi en moyenne 37 minutes de moins que les conducteurs non-somnolents.
Enfin, les responsables de l’étude ont identifié la prévalence d’un autre facteur de risque chez les conducteurs somnolents. Si les conducteurs français sont aujourd’hui deux fois moins nombreux à prendre la route de nuit (8,5% en 2011 contre 17% en 1996), ce qui dénote une évolution positive des comportements, cette pratique reste néanmoins plus répandue parmi les conducteurs somnolents : 16% d’entre ont en effet pris la route entre 22 heures et 6 heures.
Une bonne hygiène de sommeil, facteur de sécurité sur la route
C’est pourquoi, à l’ occasion des grands départs de la Toussaint, la Fondation VINCI Autoroutes alerte les conducteurs sur la nécessité d’une bonne hygiène de sommeil à travers quelques conseils très simples :
· faire une nuit complète de sommeil la veille du départ,
· éviter de partir la nuit (entre 22h et 6h),
· effectuer des pauses régulières tout au long du trajet au minimum toutes les deux heures,
· s’arrêter sur une aire dès les premiers signes de fatigue,
· ne pas hésiter à changer régulièrement de conducteur.
Rappel de la méthodologie de l’étude
Financée par la Fondation VINCI Autoroutes et pilotée par l’équipe du docteur Maria-Antonia Quera-Salva, neurologue et médecin, responsable de l’unité du sommeil de l’Hôpital Raymond-Poincaré de Garches(AP-HP), l’enquête scientifique sur la somnolence au volant s’est intéressée aux habitudes de sommeil et de conduite de 3 500 conducteurs. Réalisée en juillet 2011 sur le réseau VINCI Autoroutes à l’occasion des grands départs en vacances, elle a permis de recueillir de précieuses informations sur l’hygiène de sommeil des Français, quinze ans après l’étude similaire menée en 1996 par l’équipe du professeur Pierre Philip (CHU de Bordeaux).
Créée en février 2011, la Fondation VINCI Autoroutes pour une conduite responsable est à la fois un laboratoire, un observatoire et un outil d’information dédié à la lutte contre l’insécurité routière. Elle a pour but de contribuer à faire évoluer les comportements sur la route et à aider les conducteurs à être les acteurs de leur propre sécurité. Parmi ses actions : mener des campagnes d’information pour sensibiliser aux risques routiers ; financer des recherches scientifiques innovantes dans certains champs des conduites à risques encore insuffisamment explorés ou mal identifiés par les usagers de la route ; enfin, financer des initiatives associatives et citoyennes en faveur d’une conduite responsable.