Des enjeux électoraux avant tout sociaux

Parmi les trois thèmes les moins cités figurent « la politique étrangère » (12ème et dernière position), « la dette publique de la France » et aussi, ce qui est plus remarquable, « l’immigration ». Il existe des différences entre les priorités des sympathisants de gauche, qui placent en première position « la pauvreté et la précarité », et ceux de droite, qui privilégient « le pouvoir d’achat », « le chômage » étant placé par les uns comme par les autres en deuxième place. Le principal contraste entre la gauche et la droite tient à l’importance relative que la première accorde à « l’environnement », en 5ème position pour elle au lieu
d’une modeste 11ème position à droite, et que la seconde consacre plutôt à « l’insécurité » (3ème position, au lieu d’une 8ème place pour les sympathisants de gauche).

Divergence entre l’offre et la demande thématiques
Ce que perçoivent les Français des thèmes dont les candidats à la présidentielle parlent le plus ne correspond pas à leur propre hiérarchie des priorités. Ils considèrent que la campagne se fait avant tout pour l’instant sur les thèmes de « l’insécurité » et de « l’immigration », avant « le chômage » et « la pauvreté et la précarité ». Le thème du « pouvoir d’achat », en 3ème position des priorités des Français, n’arrive qu’en 8ème place des sujets dont ils entendent parler de la part des candidats. Ces jugements peuvent évoluer plus rapidement que l’ordre des enjeux électoraux, dans la mesure où ils dépendent largement des orientations que les candidats principaux donnent à leur campagne. Ils indiquent pour le
moment la possibilité d’un vrai hiatus entre la thématique proposée, avec une concurrence entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal centrée sur les valeurs d’autorité, et la demande principale des Français, orientée d’abord vers la sécurisation de leurs conditions sociales.

Les thèmes de concurrence Royal / Sarkozy Nicolas Sarkozy apparaît comme plus crédible que Ségolène Royal sur les thèmes de l’insécurité et de l’immigration, y compris aux yeux des sympathisants de gauche. Inversement, les solutions proposées par la candidate socialiste à propos de l’école et de
l’éducation sont généralement jugées meilleures. La croissance économique et surtout le pouvoir d’achat, domaine sur lequel la campagne semble progressivement se déplacer, sont davantage des domaines de concurrence, où l’écart de crédibilité demeure faible. Enfin, les deux candidats font pratiquement jeu égal sur le thème du chômage, à la fois préoccupation majeure des Français et domaine où la crédibilité du politique est depuis longtemps très relative. Pour Nicolas Sarkozy comme pour Ségolène Royal, le défi
est donc d’apporter dans les prochains mois des réponses aux préoccupations des électeurs sur leur inquiétude principale, celle d’une érosion de leurs revenus, d’une menace sur leur emploi, voire d’une perte de leur statut social.

Diffusé sur le portail Internet http://www.orange.fr/ et le portail mobile Orange World (SMS, MMS, WAP) le mercredi 20 décembre 2006