Europe : Chirac reprend la main

Par Bernard M.
Publié le 26 octobre 2005 à 18:53

Et pas seulement dans l’Hexagone !

Dans une tribune publiée mercredi dans 26 journaux européens à la veille du sommet informel de Hampton Court, le chef de l’Etat rejette fermement l'idée d'une Europe libérale, affirmant que "la France n'acceptera jamais de voir l'Europe réduite à une simple zone de libre-échange".

Révélée par les non français et néerlandais au traité constitutionnel, le président de la République ne pouvait qu’admettre l'existence "d'une crise de confiance aiguë dans le projet européen". Mais, pour autant, il ne désarme pas et entend même aller encore plus loin en appelant, notamment, à "trouver la force d'une nouvelle impulsion".
"Car, sauf à abdiquer la maîtrise de son destin, l'Europe ne peut s'arrêter quand le reste du monde accélère le pas", dit-il dans ce texte qui fut repris, en France, dans les colonnes de notre confrère Le Figaro.



Il y réaffirme d’ailleurs que le modèle de l'Europe : "c'est l'économie sociale de marché". Un message clair à l’adresse de celles et ceux qui en font leur fonds de commerce, un peu à la manière VGE, d’il y a trente ans, s’adressant à M. Mitterrand en lui assénant : « non, M. Mitterrand, la gauche n’a pas le monopole du cœur » …



De ce constat et de cette ligne découlent une ligne de conduite claire que le président a brossée en ces termes : "C'est pourquoi nous devons relancer le projet d'une Europe politique et sociale, fondée sur le principe de la solidarité".
Oui, les 25, divisés sur le modèle européen à suivre, doivent tenter à Hampton Court d'accorder leurs violons et donc leurs visions sur l'avenir de l'Europe. Surtout face à la mondialisation !



Et, sur ce sujet, le chef de l’Etat n’a pas la langue dans sa poche car il a évoqué, sciemment autant que brièvement, les deux sujets sans doute les plus controversés parmi les 25 à savoir le budget 2007-2013, d’une part, et les négociations sur le volet agricole de l'Organisation mondiale du commerce, d’autre part.


"Il est temps maintenant que ses partenaires fassent des propositions équivalentes dans un esprit d'équilibre et de réciprocité - tant dans le domaine agricole que pour l'industrie et les services" a encore indiqué M. Chirac qui s’est déclaré assuré que, sur le budget, un accord serait possible en décembre, "si chacun fait preuve d'esprit de solidarité et de responsabilité".



N’est-ce pas là une manière élégante mais on ne peut plus ferme de faire allusion à l'intransigeance de la Grande-Bretagne, d’autant que celle-ci bénéficie, depuis 1984, d’avantages extra ordinaires ?
Sur le volet institutionnel, en panne faute de Constitution, M. Chirac relance en effet l'idée des "groupes pionniers" tout en récusant "l'idée d'un directoire".

Apparemment, sa logique serait celle de cercles concentriques plus ou moins rapprochés qui permettraient aux groupes concernés "(…) de pouvoir se constituer autour de tous les pays qui ont en ont la volonté et les moyens, et rester ouverts à tous ceux qui sont prêts à les rejoindre".



Là encore, l’Europe gaullienne reprend du lustre, sans doute au grand dam de ses détracteurs, si nombreux, à gauche come à droite, au centre comme ailleurs, bref contre les engagements de tous ceux qui ont prôné durant la campagne référendaire l’« institutionnellement correct » …