« Je vous ai compris ! » …

Par Bernard M.
Publié le 18 avril 2006 à 13:58

Exit le CPE. Sous contrainte, le gouvernement et le chef de l’Etat peuvent être fiers de cette reculade devant les soubresauts exprimés avec violence dans les rues et les lieux publics et d’enseignement de notre pays.

… mais je suis un incompris



En revanche, pas d’« exit » de Villepin ni de sortie anticipée du Président ce qui, pour le premier, eût été un devoir, une sage décision pour le second.



Il ne faut vraiment avoir ni amour propre, ni respect de la France d’en bas que de proroger aux forceps son bail à Matignon, compte tenu de tout ce qui s’est passé, de toutes les erreurs de forme et de fond commises depuis tant de mois, sans revenir sur celle commise en 1997, celle de la dissolution de l’Assemblée, qui entraîna crise politique et cohabitation.



Sourd, de facto, par sa perte de ses capacités auditives, le Président de tous les Français semble sourd également aux messages populaires comme plus institutionnels qui lui sont délivrés, comme s’il était envoûté, subjugué, par le premier mannequin de France, beau parleur, maître de la dialectique, expert de la rhétorique. Une forme, à peine voilée, de pathologie neuropsychiatrique que déjà sondeurs, sociologues et observateurs tentent d’expliquer sinon de commenter.



M. de Villepin bat tous les records : celui de la destruction programmée – consciente et voulue – de son adversaire de toujours, Nicolas Sarkozy, fomentant une traîtrise à la manière de celle qui fit trébucher d’autres, avant lui, créant ainsi les conditions de l’alternance. Un jeu, sous influence, destructeur. Une forme moderne de nihilisme, comme si le Premier ministre s’inspirait des pensées de Feu Bakounine … Mais il bat aussi les records d’impopularité, les records de couardise lorsqu’au terme de la crise des banlieues, cités ô combien dangereuses au sein desquelles il n’a mis les pieds qu’une petite heure pour déclarer, ensuite, avoir écouté, entendu et compris ce que son ministre de l’Intérieur, sur le pont 24 heures sur 24, tentait à sa manière de gérer, de désamorcer.



Le Premier ministre Dominique de Villepin ne recueille plus que 29% d'opinions favorables sur son action, selon un récent sondage publié par notre confrère Paris Match. C’est bien peu. C’est pire que tout dans la Vème République.



On entend et l’on lit, ici ou là, que M. de Villepin tient M. Chirac. Faux ! Il n’y a tout simplement personne d’assez inconscient, d’assez téméraire, pour reprendre le bâton merdeux et la patate chaude laissée en héritage par celui qui semble craindre les électrices et les électeurs pour n’avoir jamais sollicité leurs suffrages.



Le résultat se retrouvera, le moment venu, dans les urnes. Et déjà, les sondages se multiplient pour tenter d’établir un baromètre pour 2007, un baromètre peu favorable désormais au président de l’UMP, donné perdant face à Ségolène Royal.



Si l’ancien maire de Neuilly, président de l’UMP, du Conseil général des Hauts-de-Seine, ministre d’Etat en exercice veut créer les conditions d’un renversement de cette tendance qui ne pourrait que s’accentuer, il lui appartient de prendre les décisions qui s’imposent à lui comme un simple réflexe de survie politique autant que de mise en cohérence de ses convictions d’avec son action. Cela passe, inévitablement, par son départ, là, maintenant, sans délai, du gouvernement ou plutôt ce qu’il en reste, pour pouvoir retrouver sa liberté d’expression et préparer l’avenir d’une France coupée non plus en deux mais en autant de strates qu’il existe de corporations.



Car l'opposition actuelle ne tire pas profit des récents événements et ne semble pas plus crédible que la droite, toujours selon le même sondage : 64% des électeurs pensent en effet que la gauche ne ferait pas mieux que le gouvernement actuel. L’écart se creuse également sur un autre point, autrement plus crucial : 54% des Français souhaitent la victoire de la gauche aux prochaines élections contre seulement 40% souhaitant la victoire de la droite.



Or, face à une gauche divisée, « la droite la plus bête du monde », il est grand temps de dresser les remparts impérieusement nécessaires pour éviter de donner un quelconque « crédit » aux extrêmes.