L'économie bulgare à la traîne
Publié le 23 janvier 2006 à 12:41
L'économie de la Bulgarie, qui doit entrer en 2007 dans l'Union européenne, reste à la traîne de l'UE malgré les apparences de stabilité créées par un régime d'austérité imposé par le Fonds monétaire international (FMI), constate un rapport publié lundi
"On n'observe pas en Bulgarie une réduction durable du décalage (de l'économie du pays) avec la zone euro en ce qui concerne la productivité, les revenus, la consommation, les investissements et les dépenses publiques", constate ce rapport réalisé par les principaux instituts économiques bulgares à la demande du président Gueorgui Parvanov.
La "convergence nominale" apparente de l'économie bulgare vers celles de l'UE est due au directoire financier, système d'austérité imposé par le FMI depuis 1997 dans le cadre duquel le lev, la devise bulgare, a été rattaché d'abord au deutschmark puis à l'euro, souligne Petar Tchobanov, de l'Agence d'analyses économiques.
Grâce à ce système, l'inflation a été maintenue sous les 5%, le déficit budgétaire est proche à zéro et la dette publique se situe autour de 60%. Mais le pays est parallèlement "très vulnérable aux chocs, notamment à ceux venant de la zone euro", alors que l'UE traverse une période difficile, note le rapport.
"Des décisions prises par l'UE ont parfois un impact négatif sur la Bulgarie" en raison, précisément, du décalage de son économie, a estimé le vice-Premier ministre Ivaïlo Kalfine.
Et la Bulgarie accuse un déficit record de ses comptes courants, qui devrait culminer d'ici à la fin de l'année à 15% de l'équivalent du Produit intérieur brut (PIB) en raison du faible niveau de ses exportations et d'une hausse rapide des crédits accordés par les banques.
De plus, "depuis trois ou quatre ans, le taux de consommation des ménages dépasse le taux de croissance des revenus", a souligné M. Ivanov. Le chef de la mission du FMI en Bulgarie, Hans Flickenshild, a entamé de ce fait des entretiens qualifiés de "durs" avec les autorités bulgares pour une réduire les crédits accordés par les banques et faire baisser les masses d'argent en circulation.
Par ailleurs, l'agriculture, qui représente 20% de la force de travail, ne devrait profiter que faiblement des fonds de la Politique agricole commune si le pays entre dans l'Union, selon Plamen Michev, de la faculté d'économie de l'université de Sofia. Au contraire, les quotas laitiers risquent de mettre à bas son élevage bovin.
En raison de son retard, la Bulgarie devrait recevoir les fonds européens les plus élevés par tête d'habitant : 4,7 milliards d'euros de 2007 à 2009, soit 7% de son PIB.