La loi SRU fait encore des vagues

La loi SRU fait encore des vagues
Par Bernard M.
Publié le 16 novembre 2005 à 16:28

Et de nombreux maires sont encore récalcitrants

C'est en décembre prochain, soit quatre ans après le lancement de la loi sur la solidarité et le renouvellement urbains (SRU) que Jean-Louis Borloo tirera un premier bilan.



Mais depuis lundi dernier, cette loi a trouvé un nouveau défenseur et de marque : le président Jacques Chirac lui-même qui a appelé les maires à respecter la loi qui leur impose d'avoir au moins 20% de logements sociaux dans leur commune, au nom de la mixité sociale.



«J'ai conscience des difficultés. Mais on ne sortira pas de la situation actuelle si l'on ne met pas en cohérence les discours et les actes», a-t-il insisté, comme s'il s'attendait à une nouvelle fronde des maires, y compris dans son propre camp. A l'Elysée, où l'on prévoyait un «accueil rugueux», on enfonce pourtant le clou : l'application de la loi SRU «est l'une des clés» pour résoudre le problème des banlieues. «Les quartiers qui sont restés calmes sont ceux où l'habitat est mixte», affirme-t-on dans l'entourage du président de la République.



Pour mémoire, rappelons que la loi SRU, de décembre 2000, s'impose aux communes de plus de 3 500 habitants (1 500 seulement en Ile-de France). Environ 740 communes étaient initialement visées par cette loi.

Depuis, selon le ministère de la Cohésion sociale, «un gros tiers a finalement dépassé les 20%, un bon tiers s'est mis en marche et le reste n'a pas bougé». Et c'est ce dernier camp qui est visé par le gouvernement.



Le ministre de l'Emploi, Jean-Louis Borloo, a d'ailleurs demandé un bilan aux préfets, pour fin décembre. Les préfets feront «le constat commune par commune de celles qui doivent rattraper le retard (...). La loi, toute la loi sera donc appliquée», a-t-il affirmé devant les députés. La pression monte chez les maires .... à quelques jours de l'ouverture du Congrès des Maires.



Car cette loi a des opposants farouches, dont le maire divers droite de Saint-Maur (Val-de-Marne), Jean-Louis Beaumont, qui «appelle à résister à la folle densification de l'habitat imposée par la loi SRU» et Eric Raoult, député UMP de Seine-Saint-Denis et maire du Raincy, qui a créé, le mois dernier, une «Coordination pour la diversité urbaine», censée défendre l'image et l'honneur de ces élus caricaturés et stigmatisés par un a-priori idéologique et partisan.



Entre le message de fermeté et le réalisme du terrain, le gouvernement devra faire la part des choses.

«Il faut distinguer les maires qui ne se conforment pas à la loi par pure idéologie et ceux qui ont de réelles difficultés, liées notamment au foncier dans leurs communes», tempère déjà Jean-Louis Borloo.