Le Consortium pour l’Eau du Sud de l’Ontario : Un acteur majeur dans l’expertise internationale sur l’eau
Publié le 02 juillet 2012 à 10:57
Selon les Nations Unies, d’ici une dizaine d’années les deux tiers de la population mondiale, soit 5,5 milliards de personnes, feront face à un manque d’eau plus ou moins important. Si les ressources existantes ne sont pas utilisées plus judicieusement, la situation pourrait s’empirer. Aujourd’hui, les ressources en eau limitées menacent la croissance économique dans les pays développés. Cependant, certaines solutions pourraient être trouvées dans la province de l’Ontario au Canada. Un investissement public, privé et universitaire sans précédent est sur le point de faire de cette région le centre international de recherche pour les entreprises voulant préserver la ressource la plus précieuse de la planète. Le Consortium pour l’Eau du Sud de l’Ontario (CESO), créé récemment, va en effet permettre la mise en place d’une « une plateforme réelle » de 46 millions d’euros, vouée à l’innovation en matière de gestion des bassins versants, des eaux usées et de l’eau potable. Le CESO est un acteur majeur, doté d’un soutien vaste et important. La province de l’Ontario et les gouvernements fédéraux sont d’importants bailleurs de fonds. Huit universités toutes reconnues pour leurs recherches de pointe dans le domaine de l’eau sont partenaires. Des villes du Sud de l’Ontario comme les collectivités plus importantes de London, Guelph et Waterloo mettent à disposition leurs systèmes de traitement des eaux usées et des déchets. 70 entreprises, dont des leaders mondiaux en technologie de l’eau sont aussi désireuses d’y participer. La société IBM offre à elle seule 15 millions d’euros. Selon le consultant indépendant Walter Stewart, l’un des nombreux participants au projet depuis ses tout débuts en 2007, « ce projet propulsera au premier rang l'expertise de réputation internationale de l'Ontario dans le domaine de l'eau. Les entreprises spécialisées en technologie liée à l’eau auront un accès unique au traitement municipal des eaux usées et à l’infrastructure des déchets afin qu’ils puissent tester leurs recherches et celles de leurs partenaires universitaires. » La plateforme du CESO, appelée aussi « le laboratoire vivant », se situe en plein cœur du bassin versant de la rivière Grand au sud-ouest de l’Ontario, d’une superficie de 6,800km² qui compte près d’un million d’habitants. Cette plateforme deviendra de loin le plus grand laboratoire d’analyse des eaux. Comme l’explique Stewart : « nous allons pouvoir par exemple observer l’impact que les eaux usées traitées ont sur l’écologie du bassin versant ainsi que sur l’eau potable. Des chercheurs dans ces domaines ne se parlent généralement pas du tout ». « Nous sommes ravis de faire partie de ce projet » a déclaré Linda Gowman, directrice de la technologie chez Trojan Technologies, une entreprise basée en Ontario qui utilise entre autre des rayons ultra-violets pour traiter les eaux usées de diverses grandes villes du monde. Linda Gowman est particulièrement heureuse car le CESO offre la possibilité de tester de nouvelles techniques du réseau municipal des traitements des eaux usées. Pour elle, « il n’y pas de substitut à la réalité ». Linda Gowman a déclaré il y a quelque temps qu’un centre d’essai à proximité de Trojan lui apporterait un avantage compétitif certain. John Vogan, chef des opérations canadiennes pour Arcadis, l’une des plus importantes entreprises conseil au monde dans le domaine de l’eau est d’accord sur le fait que le bassin versant de la rivière Grand constitue le principal attrait de CESO. Pour lui, « l’accès au site pour effectuer des tests est l’un des plus grands défis que rencontrent partout les chercheurs spécialisés dans le domaine de l’eau ». Par conséquent, les produits testés en Ontario devraient être commercialisés plus vite avec plus d’efficacité. Autre entreprise leader dans le traitement de l’eau, GE Power basée en Ontario, utilise des membranes pour séparer l’eau propre de l’eau sale. Jeff Cumin, le conceptualiste de l’entreprise responsable des premières phases R&D de la membrane affirme que le produit de GE capture les virus et d’autres polluants micro-organiques et invisibles qui menacent les approvisionnements en eau potable et sont beaucoup plus difficiles à isoler. Selon Jeff Cumin, « grâce au CESO, nous pourrons faire des essais à grande échelle pour améliorer la qualité et la performance. L’intégration des divers aspects de la gestion de l’eau permet d’obtenir de vraies données que l’on ne peut pas produire dans un laboratoire ». La majorité des 15 millions d’investissement d’IBM iront dans le développement d’un logiciel sophistiqué qui capturera et manipulera les données recueillies par les détecteurs situés dans le bassin versant. Les données seront collectées, analysées et stockées si elles sont pertinentes. Les détecteurs pourront, entre autre, suivre le flux des eaux usées traitées qui sont relâchées dans le bassin versant ou détecter les fuites qui peuvent avoir lieu dans les tuyaux d’eau potable. « Il y a longtemps que nous cherchions à investir dans un grand projet comme celui-ci » avoue Donald Aldridge directeur général des recherches et des sciences de la vie chez IBM Canada, ajoutant ensuite « la croissance économique dépend de la résolution de ces défis et nous voulons prendre part à ses solutions ». L’université de Waterloo au sud de Toronto a été désignée université leader devant 8 participants universitaires de la région. En 2009, elle a créée le Water Institute, un institut indépendant sur l’eau qui comprend 15 départements. Son directeur exécutif David Rudolph, l’un des moteurs du CESO a déclaré : :« nous avons commencé à exploiter les capacités reconnues de l’Ontario en R&D en assainissement de l’eau, mais la force de notre recherche a été diffusée dans différentes universités et nous avions besoin de les réunir afin de devenir un acteur mondial plus important », expliquant alors «l’obtention du soutien du gouvernement s’explique par le fait d’avoir signé des accords avec des entreprises nationales et multinationales.». Selon David Rudolph, les recherches du CESO seront axées sur 5 domaines : · le traitement des eaux usées; · l’eau potable; · la viabilité du basin versant; · l'écotoxicologue : c'est-à-dire les répercussions des substances dangereuses sur les réserves d'eau ; · les capteurs, pour la détection rapide des polluants. David Rudolph voit le CESO comme un moyen de remettre en cause une approche traditionnellement conservatrice et cloisonnée pour l’élaboration de nouvelles technologies de l’eau. « Notre approche intégrée et multidisciplinaire est unique au monde, dit-il, nous prévoyons être en mesure de manipuler des données perfectionnées en temps réel – le temps est la clé car c’est un obstacle pour tous. » Une fois que le consortium sera pleinement fonctionnel, aux alentours de 2014, il se financera en grande partie grâce aux frais d'utilisation. Entretemps, le téléphone de Walter Stewart ne dérougit pas « Je reçois des appels en provenance d'Israël, d’Inde, de Finlande et de partout en Amérique du Nord », affirme M. Stewart. « Ce projet sera grandiose. » En savoir plus: www.water.uwaterloo.ca