Les jeunes n'achètent plus de CD
Publié le 30 novembre 2005 à 17:44
Les Européens de 15-24 ans sont tellement habitués aujourd'hui à télécharger de la musique gratuitement ou à graver des CD empruntés aux amis que l'industrie du disque a et aura beaucoup de mal à les faire un jour payer pour ses productions
Ces jeunes gens "pourraient ne jamais développer un comportement d'achat et cela pourrait nuire à l'industrie de la musique sur le long terme", selon cette étude publiée mardi du cabinet américain Jupiter Research, ciblée sur les pratiques des internautes en France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne et Suède.
Dans ces pays, c'est auprès des 15-24 ans que le fait d'acheter un CD est aujourd'hui le plus passé de mode, et que la pratique de l'échange gratuit de fichiers musicaux est la plus répandue, poursuit l'étude.
Elle suggère qu'il s'agit là d'"une bombe à retardement démographique" pour l'industrie, alors que celle-ci mise justement sur l'arrivée à l'âge adulte de nouveaux consommateurs, synonyme de pouvoir d'achat renforcé.
"L'activité illégale (de piratage) est une menace clé. La jeunesse connectée d'aujourd'hui est éduquée avec un régime quasi sans limites de musique gratuite et utilisable à l'envi grâce aux réseaux d'échange de fichiers", a souligné Mark Mulligan, auteur de l'étude.
D'une manière générale, en Europe, 5% des consommateurs de musique téléchargent depuis les sites payants du type iTunes d'Apple alors qu'ils sont trois fois plus nombreux (15%) à s'échanger des fichiers gratuits, indique encore Jupiter Research.
Sur le Vieux continent, la Fédération internationale de l'industrie phonographique (IFPI) a entamé en 2003 des actions en justice contre les particuliers s'échangeant des fichiers, mais cette pratique n'a pas vraiment reculé pour autant.
L'étude souligne notamment "une forte culture du piratage" en Espagne. Le pourcentage d'internautes s'échangeant de fichiers (ou admettant cette pratique) y est passé à 32% en 2005, contre 22% en 2002. En Allemagne, l'évolution a été inverse (de 18% à 13%, en trois ans), alors qu'en France la situation a peu changé (de 21% à 20%).
Mais la demande de téléchargements payants est encore solide : un Européen sur dix est prêt à payer pour télécharger, le pourcentage grimpant jusqu'à 31% en Suède.