Pour Sandrine Bélier, José Bové, Yannick Jadot et Nicole Kiil-Nielsen, députés européens EELV, « aller jusqu’au bout de ce projet pourrait être gravement préjudiciable à l’Etat français. Nous avons constaté que le projet d’aéroport ne semblait pas respecter les dispositions d’au moins 4 directives européennes (directive 85/337/CEE concernant l’évaluation des incidences de certains projets publics et privés sur l’environnement, directive 2000/60/CE sur l’eau ainsi que celles des directives Oiseaux 1979/CEE et Habitats de 1992). Absence de consultation publique, absence de présentation d’alternatives, absence de prise en compte de l’impact du projet sur les sols (en particulier sur les sols agricoles), construction sur une zone d’importance écologique sur laquelle sont présente de nombreuses espèces protégées, autant de manquements de l’Etat qui pourrait être sanctionnés par la Cour de justice de l’Union européenne si le projet d’aéroport devait aboutir. Les arguments en faveur de l’optimisation de l’aéroport de Nantes Atlantique et de réorientation des investissements publics vers des projets aux impacts économiques, sociaux et environnementaux plus positifs ont également été présentés lors de l’audition.
L’Union européenne s’est déjà saisie du sujet. La Commission européenne a ainsi demandé un complément d’information à la France sur le sujet suite à un entretien le 19 février dernier avec les associations s’opposant au projet. La réponse de la France devrait lui parvenir cette semaine. Ironie du calendrier, la commission des pétitions du Parlement européen, examinera le sujet, mercredi 20 mars à partir de 15.00. Très mobilisés, les députés européens EELV, soutenus par le groupe des Verts européens dans son ensemble et par d’autres personnalités préoccupées par ce projet, demanderont à la commission des pétitions de rédiger un rapport complet sur le sujet (avec certainement des enquêtes à mener) pour un vote du Parlement européen en séance plénière.
Le dossier devient européen. Le Premier ministre sortirait grandit s’il prenait la décision de mettre fin à ce projet si contestable et si contesté. La volonté des écologistes est de sortir de cette situation par le haut. A l’inverse, toute approche purement tactique qui consisterait à reporter la mise en œuvre forcée du projet après les municipales serait une grave erreur et renforcerait les mobilisations au lieu de les réduire et ne correspondrait pas à l’esprit de responsabilité politique qu’on attend de ce gouvernement. »