Nouveau sondage : Hollande accroît son avance
Publié le 27 avril 2012 à 04:05
François Hollande devance Nicolas Sarkozy avec 54,5% contre 45,5% des intentions de vote. Le Président recule sensiblement (-1,5 point) depuis le 22 avril et dégrade de nouveau ses reports FN.
Les catégories populaires, et, au-delà, tous les Français en âge d’être actifs (18 à 64 ans), les habitants des grandes agglomérations comme les ruraux votent largement Hollande. Les seniors, les habitants des villes de 20000 à 100000 habitants, les professions libérales et les Français les plus aisés votent Sarkozy. Analyse sur les indécis : TSS ? 48% des électeurs ayant choisi un candidat éliminé au premier tour votent Hollande, contre seulement 33%, Sarkozy. Premier ministre préféré : Si Juppé est presque « seul au monde » à droite, Aubry, Valls, ou Ayrault se disputent la place à gauche. La première secrétaire reste la préférée, surtout à gauche, mais Valls se rapproche et plaît beaucoup aux électeurs Bayrou et Le Pen dont Hollande (aussi) aura besoin au second tour.
Au soir du premier tour, dans la foulée de l’amélioration du total des voix de droite du fait de la poussée de Marine Le Pen, BVA a mesuré une réduction sensible de l’avance de François Hollande. Le 22 avril, le candidat socialiste ne devançait plus « que » de 6 points le Président sortant avec 53% contre 47% des intentions de vote. Sa domination chutait ainsi de 3 à 4 points par rapport à nos derniers sondages effectués avant le premier tour (56% et 57%). La posture très droitière (le 1Er mai et le « vrai travail », et le supposé soutien de Tarik Ramadan à François Hollande) adoptée par le Président depuis lundi pour séduire les 18% d’électeurs FN semble, une fois de plus, totalement contreproductive. En plus de le faire baisser en moyenne auprès de l’ensemble des Français (-1,5 point), cette posture dégrade ses reports de voix des électeurs de Marine Le Pen, visiblement agacés que l’on essaie de les séduire avec de si « grosses ficelles » : Alors qu’ils étaient 57% à se reporter sur Nicolas Sarkozy dans notre sondage effectué le 22 avril au soir, ils sont désormais 10 points de moins à l’envisager (47%) ! A l’inverse, François Hollande a légèrement amélioré ses reports FN, passés en trois jours de 19% à 26%. Evidemment, si cette stratégie ne fonctionne pas avec les électeurs FN, elle est encore moins efficace avec les électeurs centristes. Ceux-ci ne sont toujours pas plus de quatre sur dix (41%) à compter voter Sarkozy au second tour. Autant (38%) opteraient pour Hollande ; les autres (21%) envisagent de s’abstenir, de voter blanc ou hésitent encore.
Au niveau régional, sociologique et démographique, le vote entre les deux candidats est toujours spectaculairement segmenté . Toutes les tranches d’âges actives votent majoritairement Hollande, avec des niveaux compris entre 54% et 57% chez les 25-49 ans et culminant à plus de 60% auprès des plus jeunes (66% parmi les 18-24 ans) et des quinquas (63% parmi les 50-64 ans). Inversement, les plus de 65 ans votent massivement Sarkozy (61%). En termes de niveaux de revenus, les clivages sont tout aussi impressionnants : Hollande recueille les voix de 61% des Français aux plus bas revenus, de 59% de ceux disposant de revenus moyens inférieurs, de 52% de ceux disposant de revenus moyens-supérieurs, et n’est devancé par Sarkozy qu’auprès des Français aux plus hauts revenus (49% contre 51%). En termes de CSP, les ouvriers votent Hollande à 68%, alors que les cadres votent Sarkozy à 52%. A cet égard, il n’est pas sûr que la métaphore de la France qui travaille ou qui se lève tôt s’applique toujours aussi bien pour qualifier les supporters de Nicolas Sarkozy. Il est en tout cas certain que l’image du candidat du peuple contre les élites n’est pas du tout passée dans l’opinion publique. Au niveau géographique, une seule France vote Sarkozy, et très massivement (58%) : la France des villes moyennes de 20 000 à 100 000 habitants. Toutes les autres parties du territoire, optent pour Hollande : ce choix est écrasant dans les grandes agglomérations (56% dans les villes de plus de 100 000 habitants) et, plus particulièrement dans l’agglomération parisienne (62%). Mais, le vote Hollande est aussi majoritaire dans les petites villes et les campagnes qui avaient beaucoup voté FN au premier tour : Hollande recueillerait 53% des suffrages dans les communes rurales et 56% dans les villes de moins de 20 000 habitants.
Analyse sur les indécis Deux autres chiffres illustrent la grande difficulté de la tâche du Président malgré un rapport gauche-droite de premier tour apparemment plus favorable à la droite. 48% des électeurs des divers candidats éliminés au premier tour choisiraient Hollande contre seulement 33% qui opteraient pour Sarkozy, soit un rapport en « exprimés » de 59% contre 41% en faveur de Hollande. Deuxième chiffré édifiant proposé par notre sondage : 11% des électeurs n’ont pas exprimé d’intention de vote, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas choisi entre les deux candidats. Si l’on déconstruit notre intention de vote en intégrant ces indécis et potentiels abstentionnistes, on aboutit à la répartition suivante : 48,5% des électeurs inscrits interrogés choisiraient aujourd’hui François Hollande. 40,5% opteraient pour Nicolas Sarkozy 11% sont indécis soit, qu’ils hésitent entre les deux, soit, qu’ils envisagent de s’abstenir Comme 95% des électeurs de Hollande comme de Sarkozy sont sûrs de leurs choix, cela signifie que si ces indécis se décidaient finalement à voter, Hollande, pour l’emporter, n’aurait besoin que d’en convaincre 2% sur les 11% actuels (soit moins de 1 sur 5). A l’inverse, Sarkozy devrait en convaincre plus de 80%, soit 10% sur les 11% identifiés dans l’enquête.
Premier ministre préféré : Juppé (presque) seul à droite ; Aubry, Valls, ou Ayrault se disputent la place à gauche Si Sarkozy l’emporte le 6 mai prochain, Juppé serait en pole position pour Matignon si l’on tenait compte des préférences des Français, et surtout des électeurs du vainqueur. Dans cette hypothèse, autant de Français (30%) pencheraient pour l’ex-Premier ministre que pour le candidat centriste et surtout la moitié des électeurs de Nicolas Sarkozy choisirait l’hôte actuel du Quai d’Orsay. Bien-sûr, l’hypothèse Bayrou – pourtant écartée par l’intéressé – continue de séduire. Outre 30% des Français, une majorité des électeurs de l’intéressé (56%) et, plus curieusement, une majorité relative (28% contre 20% à Juppé) des électeurs de Marine Le Pen voudrait voir Bayrou à Matignon. Le très faible enthousiasme de Bayrou lui-même, de Sarkozy, et même de ses électeurs (10%) plaide pour écarter ce scenario de politique-fiction. Dans ce cas, plus personne ne peut rivaliser avec Juppé, Borloo (3ème avec moitié moins de supporters que Juppé) ayant perdu de son lustre après l’épisode raté de sa première tentative Matignon, et surtout après sa vraie fausse candidature à l’élection présidentielle. Copé est relégué très loin dans le coeur des Français (5% soit six fois moins de « voix » que pour Juppé), comme des électeurs de Nicolas Sarkozy (14% contre 49% à Juppé). Seule satisfaction pour lui, il devance encore Xavier Bertrand dans ce match (dernier avec 3% des choix des Français et 6% de ceux des électeurs de Sarkozy au premier tour).
A gauche, le match est beaucoup plus serré qu’à droite. Trois favoris se détachent. Martine Aubry est toujours largement la grande favorite du « public ». Avec 28% de citations, elle devance, de peu, Manuel Valls (24%) auprès de l’ensemble des Français et beaucoup plus largement Jean-Marc Ayrault (12%). La première secrétaire est plébiscitée par les électeurs de gauche, qu’ils aient voté Hollande (37% opteraient pour Aubry) ou Mélenchon (46%) au premier tour, sans susciter nullement le rejet des électeurs de Bayrou (2ème avec 21% de citations). Manuel Valls, est la révélation. Deuxième derrière Aubry auprès de l’ensemble des Français, il réalise un véritable « carton » auprès des électeurs clés du second tour : ceux de Bayrou (1er auprès d’eux avec 26% de citations) et de Marine Le Pen (1er avec 35% et 21 points d’avance sur le second). Par ailleurs, s’il continue de beaucoup séduire à droite, il n’est désormais plus rejeté à gauche : il serait (après Aubry) le second choix des électeurs de Hollande du premier tour. A défaut de le nommer à Matignon, le mettre davantage en valeur dans l’entre-deux tour semblerait très efficace pour Hollande afin de garantir les reports actuels de ces électorats Modem (38%) et FN (26%) et surtout pour éviter que ceux d’entre eux qui hésitent encore (21% à 27%) ne basculent vers un vote Sarkozy le 6 mai. Jean-Marc Ayrault, souvent présenté comme le probable futur premier ministre, moins connu, dispose logiquement de moins bons scores que les deux précédents. Pour autant, il se situe déjà à la troisième position sur la plupart des segments de population. Il devance déjà des « poids lourds » comme Moscovici (4ème) ou Fabius (5ème). Il semble ne poser aucun problème sur aucune des catégories d’électeurs et séduit notamment presque autant que Valls les électeurs de Hollande du premier tour (3ème avec 17% contre 18% pour Valls).