Vulnérabilité des prairies et des élevages au changement climatique et aux évènements extrêmes

Par Bernard M.
Publié le 28 juin 2012 à 14:58

Les résultats du projet VALIDATE ont été communiqués lors d’un colloque de clôture le 22 Juin 2012 à Clermont-Ferrand. Ce projet, coordonné par l’Inra et rassemblant 11 partenaires, a eu pour objectif d’étudier l’impact du changement climatique sur les prairies et les élevages herbagers. Les expériences du projet indiquent une réduction de la productivité des prairies permanentes de moyenne montagne et des prairies temporaires de plaine. Des leviers d’adaptation concernant le matériel végétal, la gestion de la prairie et le système fourrager ont été mis en évidence. En Europe, le nombre de journées exceptionnellement chaudes a significativement augmenté depuis 1950. Dans le sud de l’Europe, les sécheresses climatiques se sont renforcées à la fois en fréquence et en intensité. Cette tendance devrait s’accentuer d’ici à la fin du siècle avec des vagues de chaleur 10 fois plus fréquentes qu’à notre époque. En revanche, la fréquence de retour d’épisodes de précipitations intenses ne devrait pas varier significativement. Toutes les projections indiquent qu’indépendamment des efforts de réduction souhaitables des émissions de gaz à effet de serre, ces aléas climatiques se reproduiront plus souvent que par le passé. Dans ce contexte, le principal objectif du projet VALIDATE* a été de comprendre les impacts de la variabilité future du climat sur les prairies et les élevages herbagers et de tester des pistes d’adaptation. Les chercheurs ont utilisé des scénarios climatiques régionalisés reproduisant la variabilité des précipitations et des températures et son évolution, ainsi que celle de la concentration atmosphérique en CO2, au cours du siècle. La vulnérabilité des élevages herbagers a été étudiée à partir de ces scénarios climatiques, en combinant plusieurs approches : expérimentation, modélisation biotechnique et modélisation socio-économique. Les conséquences pour l’environnement (émissions nettes de gaz à effet de serre, recharge des nappes, qualité de l’eau) et pour la biodiversité (diversité floristique, diversité microbienne des sols) des prairies ont également été évaluées. Enfin, des pistes d’adaptation ont été testées à trois échelles complémentaires : conduite agronomique de la prairie, conduite des troupeaux et adaptation des systèmes d’élevage. Des pistes d’adaptation malgré une réduction de la productivité des prairies permanentes Dans la première expérience, une prairie permanente de moyenne montagne a été exposée, par transplantation de blocs de prairie depuis la moyenne montagne jusqu'en plaine, au climat moyen projeté pour 2070. Y compris sous CO2 élevé, cette expérience a montré un impact négatif de-20 à -30 % du scénario de changement climatique pour la production annuelle de la prairie. Une seconde expérience a permis d’observer l’impact des sécheresses et canicules, avec ou sans acclimatation au réchauffement. En moyenne montagne, les prairies déjà acclimatées ont moins souffert de la sécheresse et de la canicule. En plaine, les variétés semées d’origine méditerranéenne ont été plus résilientes que celles d’origine tempérée. Enfin, une dernière expérience menée à l’ECOTRON du CNRS à Montpellier consistait à exposer une prairie du Massif-Central à une sécheresse et une canicule expérimentale avec ou sans augmentation du CO2 atmosphérique. Les résultats ont montré que l’augmentation attendue du CO2 atmosphérique pourra limiter l’impact des vagues de chaleur et de sécheresse sur les prairies. Les démarches de modélisation à l’échelle de la parcelle et de la ferme ont permis de dégager des pistes d’adaptation, de re-conception du système fourrager et d’optimisation économique face au changement climatique. Les modèles indiquent en particulier un potentiel d’augmentation de la production au printemps et à l’automne, qui permettrait de faire face à des risques accrus de déficit estival. *Le projet (VALIDATE, Vulnérabilité des prairies et des élevages au changement climatique et aux événements extrêmes) est un projet de recherche coordonné par l’INRA et soutenu par l’ANR sur la période 2008-2012. Il associe sept laboratoires INRA (UREP, UEPF, URH, SYSTEM, CSE, AGIR et ECOPUB) et quatre laboratoires du CNRS et du CEA (CEFE, LECA, LEM, LSCE).