Lâché par la plupart des députés UDF, François Bayrou lance jeudi dans la perspective des législatives son "Mouvement démocrate", lors d'un conseil national à Paris.
Entouré par une cohue de caméras et de photographes, M. Bayrou, qui doit lancer son "Mouvement démocrate", a été accueilli dans la rue par des applaudissements et des vivats - "bravo François!"
Reflet d'une ambiance tendue alors que le leader centriste a été lâché par la plupart de ses députés, les discussions allaient bon train entre participants sur l'avenir de la force centriste, que M. Bayrou veut indépendante.
"Si vous êtes d'accord avec Gilles de Robien, allez le rejoindre!", lançait un autre défenseur de M. Bayrou, en référence au ministre UDF rallié à Nicolas Sarkozy et qui soutient l'idée d'un pôle centriste au sein de la majorité présidentielle.
Parmi les parlementaires présents figuraient des proches du président de l'UDF comme le sénateur Michel Mercier ou le député Jean Lassalle, ainsi que le sénateur Jean Arthuis.
Précédé d'un bureau politique à huis clos, le conseil national, où étaient attendues entre 1.500 et 2.000 personnes, se prononcera par un vote à bulletins secrets sur la création de ce nouveau parti, qui rompra avec la tradition ancrée au centre-droit de l'UDF pour s'ouvrir vers le centre-gauche.
Le leader centriste, fort de ses 18,57% des voix au premier tour présidentiel, veut former un parti du centre indépendant, "qui ne soit pas inféodé aux uns ou aux autres".
En revanche, M. Bayrou a été lâché par plusieurs de ses principaux lieutenants au lendemain du 6 mai, comme le chef de file des députés
A la veille du conseil national à la Mutualité, 22 députés UDF sortants (les trois quarts du groupe) et un candidat centriste aux législatives ont affirmé leur volonté "d'inscrire sans hésitation leur démarche dans la majorité présidentielle", "tout en conservant leur autonomie au Parlement, et sans intégrer l'UMP".
Ils craignent que pour arriver à constituer un groupe à l'Assemblée, le Mouvement démocrate ne doive passer des accords avec le Parti socialiste.
Mercredi soir, un seul des signataires, Pierre Albertini, qui ne se représentera pas aux législatives, a assisté à une réunion du comité exécutif autour de François Bayrou, pour demander des "clarifications" sur le futur parti.
Parmi les autres participants figuraient des proches de M. Bayrou, comme le chef de file des sénateurs, Michel Mercier, qui a affirmé en quittant la réunion que "les portes sont grandes ouvertes" aux élus UDF qui ont soutenu Nicolas Sarkozy au second tour.
Parmi les députés européens (11 au total), Jean-Louis Bourlanges a annoncé dans la journée qu'il ne participerait pas au Mouvement démocrate.
Selon lui, "ce sera l'UDF plus un changement de sigle, moins ses parlementaires".
Le Mouvement démocrate devrait présenter des candidats aux législatives dans toutes les circonscriptions, le cas des députés UDF ralliés à M. Sarkozy restant à trancher, selon M. Artigues.
L'UMP a pour sa part annoncé mercredi soir qu'elle investirait des candidats contre la poignée de députés UDF qui n'ont pas soutenu M. Sarkozy au second tour, notamment M. Bayrou qui lui a refusé sa voix.