Pourtant actif, le chef de l’Etat, qui a fait plus de réforme en trois ans qu’au cours des quatre derniers mandats de ses prédécesseurs, ne séduit pas ou plus. Il a déçu car il avait fait tant de promesses qu’il n’a pas tenue, faute de temps mais surtout faute de pouvoir les tenir.
Le pouvoir politique a fondu comme la glace en Antarctique. Une partie de celui-ci a été transférée à Bruxelles avec pour la France plus d’inconvénients que d’avantages, l’autre n’est que la contrepartie naturelle d’une démocratie libérale qui ne permet plus aux politiques dans un contexte globalisé d’exercer des leviers locaux suffisamment puissants pour infléchir le destin de sa nation.
Alors pour nous séduite, le personnel politique, celui qui « grenouille » dans les salons parisiens, nous ment, en nous tentant de nous faire croire que tout est possible…
Malgré le dévouement du Premier ministre et ses grandes qualités d’Homme d’Etat, la plupart des chantiers en cours semblent dérisoires au regard de notre endettement.
Le pays est endetté à un tel point que le service de la dette lui-même nous impose d’accroître encore davantage nos déficits et il n’est pas exagéré de dire que la France et nous tous, chers compatriotes, sommes enfermés dans un cercle vicieux dont nous ne pourrions sortir qu’au prix d’un abandon massif de la part des créanciers des pays du Vieux continent, un schéma qui n’est possible qu’au terme d’une guerre mondiale, ou alors d’un retour au Franc pour battre monnaie jusqu’à endiguer les fuites de toutes part que connaît notre bateau, quitte à s’enliser et dans l’inflation et dans la rigueur.
Le phénomène ou plus exactement le fantasme politique qui anime finalement notre personnel est assez schizophrénique, dans le sens où l’appât du pouvoir et des avantages qui l’accompagnent, est tel que nos cadres de tous les partis et de toutes les tendances sont parfaitement conscients qu’ils surfent sur le marché de l’angoisse autant que celui du rêve. Donc du mensonge. Sans valeurs fondatrices modernes, notre République de ce début de siècle du 3ème millénaire s’impose à tous comme un cadre devenu obsolète et parfaitement inadapté pour relever les défis qui, au prix d’importants efforts, nous permettraient de ne plus avoir comme perspectives que des écueils.
Et puis, au-delà du mensonge, il y a l’absence de mémoire, volontaire ou non, l’« utopie raisonnable » comme seul fonds de commerce pour espérer l’emporter lors des prochains grands rendez-vous.
Prenez par exemple Martine Aubry, cette femme qui nous cache son nom d’épouse et qui accuse la politique de Sarkozy de "nourrir" le Front national alors qu’elle-même, aux ordres de Lionel Jospin, en 2002, aux responsabilités, elle a permis de nourrir ce parti d’extrême alors que l’actuel chef de l’Etat refusait tout compromis et toute discussion avec une formation qui rassemble de nombreux suffrages sans jamais pourtant pouvoir être représentée démocratiquement dans l’Assemblée ou le Sénat.
La campagne pour les élections cantonales vient de commencer et la maire de Lille fustige M. Sarkozy alors qu’elle-même porte une lourde responsabilité dans le schéma particulier que nous connûmes en avril 2002, un schéma d’unité pour faire front au Front et qui a malheureusement mal été géré par Jacques Chirac qui avait là, entre ses mains, tout ce qu’il fallait pour que se mettent en place l’ouverture, une grande coalition nationale et que sur ce rassemblement conjoncturel puisse s’édifier un nouveau régime mieux adapté et plus stable et solide que ne l’était devenue la cinquième République et ses multiples « rustines » votées en Congrès à Versailles.
Qui nourrit le front national ? Ce n’est assurément pas l’actuel locataire de l’Elysée mais bien plus sûrement celles et ceux qui font montre d’une tolérance excessive dans une société qui « craque ».
Madame Aubry n’a ni l’étoffe ni l’épaisseur nécessaire pour donner des leçons aux siens comme à ses opposants. Elle n’a finalement réuni que quatre cents personnes pour fustiger les autres sans rien proposer, pour faire le constat surprenant comme si elle venait d’en prendre conscience, que « beaucoup de gens se tournent vers le Front national parce qu'ils se disent on est oubliés (...) on ne pense plus à nous ». Sic !
Le vote protestataire profitera à Madame Le Pen comme sans doute à M. Mélenchon. Et là est le danger pour notre pays. A trop éparpiller les voix au 1er tour d’un scrutin aussi essentiel que celui de la présidence de la République, les alliances et les primaires, au-delà des partis eux-mêmes, constituent les seuls remparts contre un cataclysme électoral dont nous ne nous relèverions pas.
Bernard Marx