Pour cette première visite d'un haut responsable français depuis l'intervention américaine en mars, M. Kouchner a assuré que Paris voulait être utile, mais que la solution était entre les mains des Irakiens eux-mêmes. "Ecouter les Irakiens, leur affirmer que la solution à leur problème doit être irakienne, écouter toutes les communautés, préserver la souveraineté, l'intégrité et la démocratie en Irak: pour la France, c'est essentiel", a déclaré le ministre à l'issue d'une rencontre avec le président Jalal Talabani.
M. Kouchner s'est également entretenu lundi avec les deux vice-présidents irakiens, Tarek al-Hachémi et Adel Abdel Mahdi, selon une source diplomatique. Il doit également rencontrer le président de la région autonome kurde, Massoud Barzani. "La violence à laquelle vous ne pouvez pas vous habituer, nous ne nous y habituons pas. Vue de loin, cette violence est horrible. Des innocents meurent tous les jours, des attentats aveugles frappent les populations quelles qu'elles soient, (...). C'est inacceptable. La France est prête à participer à cette lutte contre la violence mais je n'ai pas de solution miracle. Notre volonté est d'être au côté de ce grand pays indispensable à l'équilibre et à la naissance de la démocratie dans cette région tellement importante".
"Une part de l'avenir de ce pays pour lutter contre le violence et rétablir la paix et la démocratie peut passer par les Nations unies. La France approuve ce chemin et nous insisterons dans ce ce sens".
"Si les trois communautés (chiites, sunnites et kurdes), et les autres, sont capables de s'entendre ici, c'est très important pour la région et le reste du monde (...). Cette solution passera, nous l'espérons, par une participation plus grande de l'ONU", a conclu le ministre.
Le président Talabani a estimé que cette visite historique allait ouvrir la voie à l'amélioration des relations entre l'Irak et la France. Nicolas "Sarkozy est un ami du peuple irakien", a-t-il assuré, à propos du président français.
Le premier ministre irakien Nouri al Maliki avait reçu M. Kouchner tard dimanche et exhorté la France à lui apporter son soutien pour établir la sécurité et la stabilité dans le pays, "grâce à ses contacts dans la région et à sa stature internationale".
Selon un communiqué de son bureau, M. Maliki a également souhaité que "les entreprises françaises participent à la reconstruction du pays, qui a commencé à se débarrasser des groupes terroristes".
Le gouvernement de M. Maliki, un chiite, est boycotté par les partis politiques sunnites, et contesté par des formations chiites, notamment le puissant mouvement du chef radical Moqtada Sadr, qui exige la fin de l'occupation américaine.
L'autorité du gouvernement est également régulièrement remise en cause, pour son incapacité à remettre en marche les services de base comme l'eau et l'électricité, dont l'absence affecte l'ensemble de la population.