La politique, comme la Nature, a horreur du vide
Publié le 22 novembre 2007 à 08:39
S’il est un succès que personne ne peut enlever au chef de l’Etat, c’est d’avoir réussi, par son action pugnace et dans la durée, à décomplexer la droite jusqu’à nous faire oublier ce que pensait d’elle « Le Général » : la droite la plus bête du monde …
Avec cette droite républicaine, forte, unie, combative et décomplexée, basant ses actions sur un programme mûrement réfléchi, longtemps débattu dans ses propres rangs, les autres formations qui l’encadraient auparavant en ont pâti. Le Front national est réduit à peau de chagrin et doit vendre les bijoux de famille, l’UDF capitalise, avec ses trois députés, sur un score présidentiel qui est loin, très loin, d’être un score d’adhésion à son président mais davantage de refus de la bipolarisation appelée de ses vœux notamment par l’ex-patron du journal Le Monde.
Bref, à droite de la droite, il n’y a plus rien ou presque. A gauche de celle-ci, le centre tente d’exister, autant que faire se peut. Pas facile !
La même logique s’applique de l’autre côté de l’échiquier politique : avec un PS en pleine implosion ou explosion selon son propre poste d’observation, un PS atone, un PS aphone, un PS vidé de ses talents, il était normal et logique que les représentants de la gauche de la gauche puissent, au lendemain de l’échec de Madame Royal, donner de la voix, même sans programme, même sur le fondement d’idéologies que nous sommes le seul pays à compter encore dans son paysage.
La LCR, habilement conduite par notre vaillant postier Olivier Besancenot aura sans tiré l’essentiel des dividendes de cette déliquescence des organes de la rue de Solferino. Le Parti communiste joue sa survie. Les autres formations d’extrême-gauche ont d’ores et déjà compris que seul un mouvement unitaire leur permettra d’inscrire leurs messages du printemps dernier dans la durée, dans le marbre de notre Histoire contemporaine.
A la droite du PS subsiste timidement le PRG qui ne sait plus vraiment à qui faire de l’œil ; cligner vers le PS c’est se précipiter dans le vide, le néant, sourire au MoDem serait – sauf à ce que M. Bayrou, définitivement divorcé d’avec la droite, tourna sa veste – un jeu dangereux et, qui plus est, contre nature.
Oui, en politique aussi, la nature a horreur du vide. C’est bien la raison pour laquelle les ruines, du printemps dernier, au sein desquelles la gauche françaises, toutes tendances confondues, tente de survivre constituent des opportunités sans doute uniques pour que germent de nouvelles idées, pour que percent de jeunes générations, pour que se modernise un discours devenu désuet.
Les premiers à l’avoir compris ont joué la carte de l’ouverture. Les suivants ont tenté, en vain, de recoller les morceaux. Il ne reste plus que ceux, à l’épreuve des faits, finiront par le comprendre, qui faute d’être réorganisés et en ordre de bataille tenteront un retour.
Hors les élections municipales de mars prochain, qui sont, avant toute chose, des élections locales, aucun scrutin national ne viendra changer la donne politique avant un bon moment. A l’issue de ce 90ème Congrès des Maires de France, exceptionnel par bien des choses, au terme de ce 100ème anniversaire de l’AMF, les discours des uns et des autres ont révélé une chose essentielle : il serait vain de politiser le scrutin municipal de 2008, au risque de provoquer un rejet. Ce qu’attendent les trois « C » : citoyens, contribuables et consommateurs, ce sont des solutions concrètes et de proximité, ce sont des progrès tangibles au plan local. Avant toute autre pensée et – a fortiori – arrière-pensée …