La restauration physique des cours d’eau s’impose comme la nouvelle priorité pour leur bonne santé
Publié le 29 septembre 2011 à 13:55
L’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée et Corse a consacré cette année ses Rencontres « Eau et recherche » au thème de la restauration physique des cours d’eau. Des chercheurs du Cemagref, du CNRS et des universitaires ont présenté les résultats de leurs travaux financés par l’agence. Ces rencontres ont rassemblé le22 septembre 200 gestionnaires de cours d’eau et scientifiques à Lyon.
L’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée et Corse a consacré cette année ses Rencontres « Eau et recherche » au thème de la restauration physique des cours d’eau. Des chercheurs du Cemagref, du CNRS et des universitaires ont présenté les résultats de leurs travaux financés par l’agence. Ces rencontres ont rassemblé le22 septembre 200 gestionnaires de cours d’eau et scientifiques à Lyon. Dans le bassin versant de la Méditerranée1 2/3 des rivières sont abîmés : pour 60 % d’entre
elles, leur régime hydrologique a été modifié. Pour 70 % des seuils ou des barrages en travers des
rivières bloquent la circulation des poissons et des sédiments et vont jusqu’à provoquer des
dégénérescences et des disparitions de poissons. Pour 70 % leur morphologie a été dénaturée
(berges rectifiées et souvent rétrécies), ce qui aggrave les crues, creuse les lits de rivières et finit
par déconnecter la rivière des nappes phréatiques et mettre en danger les bases des ponts. Toutes
ces transformations compromettent aussi la capacité de la vie à reprendre après une sécheresse
ou une pollution. Elles diminuent également la capacité de la rivière à s’épurer.
Les résultats de recherche qui ont été présentés constituent des avancées majeures de la
science pour guider les actions de restauration des rivières :
Les chercheurs du Cemagref, du CNRS et de l’ONEMA ont montré qu’ils savent désormais, grâce
aux outils d’imagerie aérienne ou par satellite, réaliser à grande échelle un diagnostic fin des
points les plus critiques sur les cours d’eau. Cela constitue une première européenne qui ouvre
la voie à la définition de programme d’actions curatives beaucoup plus efficaces (via des opérations
de renaturation, suppression d’obstacles, desserrement de digues…).
Le bilan des échanges entre le fleuve Rhône et les nappes phréatiques est maintenant
largement connu, grâce à un programme sur 5 ans réalisé par un consortium de chercheurs réuni
au sein de la Zone atelier du bassin du Rhône. Les deux milieux fonctionnent en vases
communicants, ce qui permet de réguler le débit du fleuve et d’épurer les eaux. Lorsqu’il y a rupture
de ces échanges, les eaux deviennent très vulnérables aux abaissements brutaux, aux pollutions et
à l’échauffement. On connaît désormais les zones d’échanges prioritaires et les flux entre les deux
milieux. Il s’agira maintenant de les protéger, en gérant mieux les cotes d’eau et les pompages en
nappe en période de sécheresse. Cette opération pourra être répliquée sur d’autres rivières.
Certains cours d’eau s’assèchent l’été, à commencer par ceux de la région méditerranéenne.
Le Cemagref sait désormais estimer la durée d’assec à partir de laquelle la vie aquatique
subit des pertes majeures, ce qui était inconnu jusqu’ici. Ces travaux permettent désormais
d’envisager de fixer des niveaux d’eau minimum et de gérer les prélèvements d’eau entre les
usages pour protéger ces rivières.
Ces travaux font partie d’un ensemble d’une vingtaine de projets de recherche dédiés à
l’hydromorphologie que l’Agence de l’eau a financé depuis 2005, afin de développer l’évaluation de
l’état des rivières et d’affiner les objectifs de restauration.
L’Agence de l’eau finance également des opérations de restauration physique des cours
d’eau. Ses aides augmentent actuellement mais le nombre d’opération reste inférieur aux
espérances. Elles ont atteint 32 M€ en 2010 (soit 13 % du budget d’aides de l’agence) contre
29 M€ en 2009. Elles ont financé par exemple la suppression ou l’aménagement de seuils dans les
rivières pour libérer la circulation de la vie aquatique, le reméandrage de cours d’eau, la
renaturation des bords de cours d’eau et d’anciens bras morts.
L’ambition du Grenelle de l’environnement est d’atteindre 66% des cours d’eau en bon état en
2015, ce qui suppose une nouvelle accélération des opérations de restauration physique des cours
d’eau.
L’Agence de l’eau appelle désormais les collectivités, les syndicats de rivières ou encore les
propriétaires de rives, de seuils ou de barrages en rivières à se porter maître d’ouvrage
d’opérations de restauration. Le SDAGE identifie chaque cours d’eau prioritaire pour ces
opérations (http://www.eaurmc.fr). Ces nouveaux résultats de recherche facilitent la définition des
objectifs de travaux. Les taux d’aides de l’agence peuvent atteindre le maximum possible de 80%
pour des opérations remarquables.