Ensemble ils voulaient faire de Chypre un nouveau laboratoire pour tester le racket direct des comptes bancaires dès le premier euro. Cela au mépris total de tous les engagements pris jusque-là. Ce plan austéritaire prévoyait de combiner l’impôt forcé sur les comptes bancaires des travailleurs et des petits épargnants et la privatisation de plusieurs entreprises ou la désindexation des salaires et des retraites sur les prix.
Ces attaques n’avaient pas été possibles jusque-là parce que l’ancien président chypriote, Dimitris Christofias, a toujours refusé d’appliquer les prétendus remèdes des docteurs bruxellois. On ne peut comprendre les difficultés de Chypre aujourd’hui sans les relier à la crise de la Grèce. L’effondrement des banques grecques a accéléré les difficultés de celles de Chypre, appâtées par le système européen qui leur permettait d’acheter des dettes du pays voisin à des taux d’intérêt élevés. Refusant de laisser son secteur bancaire s’effondrer, l’État chypriote a dû garantir les dépôts.
Les citoyens chypriotes ne sont donc en rien responsables de la situation. Cela ne fait que renforcer la nécessité de rechercher un projet de solidarité européenne, écartant le hold-up sur les comptes des travailleurs et des retraités, la destruction des droits sociaux, les privatisations des entreprises publiques chypriotes qui rapportent jusque-là au budget de l’État.
Les institutions européennes ont refusé cette voie pour, après des plans d’austérité appliqués dans plusieurs pays, tester un cran supplémentaire dans la spoliation des fruits du travail. Elles ont pensé qu’en choisissant un petit pays où se développent des activités financières offshore, quelques jours après le retour de la droite, cela pourrait marcher. Le peuple de Chypre vient de répondre non !
En ce sens, il rend un immense service à tous les peuples européens qui auraient été eux aussi en butte à de tels projets.
Notre solidarité à l’égard du peuple chypriote et des forces progressistes doit se conjuguer avec la réactivation d’un débat sur un nécessaire traitement européen commun de la crise. C’est d’autant plus indispensable que de dangereux enjeux géostratégiques se posent, notamment avec la réserve de gaz au large de ce pays, convoitée par Israël comme par la Turquie, que les dirigeants russes seraient prêts à acheter en contrepartie du paiement de la dette.
L’Europe ne doit pas se laisser entraîner dans cet engrenage, et elle doit choisir la voie d’une taxation des paradis fiscaux et de la désintoxication financière de Chypre, pour l’aider à développer son industrie, son agriculture et ses services, et non à les privatiser, et appliquer un prélèvement sur les comptes des oligarchies financières en contrepartie d’un rachat de tout ou partie de la dette par la Banque centrale européenne. Cette ci-devant doit par ailleurs aider à un nouveau financement de l’économie.
C’est l’intérêt de tous les citoyens européens qui le commande désormais.