Les responsables pakistanais assignent à nouveau Benazir Bhutto à résidence surveillée
Publié le 13 novembre 2007 à 15:12
… et empêchent une nouvelle manifestation.
Tôt ce matin, des centaines de policiers anti-émeute ont empêché Benazir Bhutto et ses supporters de procéder à une longue marche à travers le Pendjab jusqu'à la capitale Islamabad. Mme Bhutto, cloîtrée dans sa maison, a appelé la démission de Pervez Musharraf de ses fonctions de président.
Environ 900 agent de police ont encerclé la maison où Mme Bhutto résidait et empêché les membres de son parti de franchir le barrage de police pour la rejoindre. La police anti-émeute a utilisé des fils de fer barbelés et des charrettes chargées de sable pour bloquer le voisinage.
Ce ne sont pas moins de 3500 agents de police qui ont été déployés autour de la ville de Lahore, arrêtant des centaines de membres du parti de Mme Bhutto. Les agents anti-émeute étaient également de sortie dans la capitale, anticipant de possibles manifestations des partisans de Mme Bhutto, qui a déclaré que son Parti du Peuple Pakistanais allait probablement boycotter les élections parlementaires de janvier prochain, affirmant souhaiter construire une alliance avec d'autres chefs de l'opposition, y compris l'ancien premier ministre Nawaz Sharif, pour restaurer la démocratie dans son pays.
D'autres groupes d'opposants ont pourtant accusé Mme Bhutto de préparer des manifestations alors qu'elle mènerait des négociations avec Musharraf, pressé par les USA, pour un accord sur le partage du pouvoir. Dans une interview avec CNN, Mme Bhutto a nié avoir tout dialogue ou communications avec Musharraf, pour elle ou ses adjoints, de manière direct ou indirecte.
En dépit du fait que les menaces contre Mme Bhutto soient réelles – elle a récemment échappé à un attentat – l'opinion générale est que le général Musharraf utilise le spectre du terrorisme pour accroître son pouvoir et museler l'opposition.
Dans l'attentat contre Mme Bhutto du 18 octobre dernier, ce sont 140 de ses partisans qui ont été tués. Cette attentat a servi de prétexte au gouvernement pour la priver de liberté de manœuvre, et déclarer l'état d'urgence.
En dépit des paroles sévères de Mme Bhutto, qui réclamait lundi le depart de Musharraf, certains analystes pensent qu'elle n'a pas totalement abandonné ses plans initiaux qui consistaient a obtenir un partage du pouvoir avec l'appui de l'administration Bush.
En tant que leader du Parti du Peuple Pakistanais, qui est crédité du tiers des intentions de vote, Mme Bhutto essaie de trouver une voie médiane entre le désir de retrouver le pouvoir, et celui de ne pas paraître trop proche du président aujourd'hui largement impopulaire.
Par ailleurs, les affaires étrangères du Commonwealth Britannique et ses anciennes colonies ont déclaré vouloir exclure temporairement de Pakistan de leur organisation, à moins que l'état d'urgence ne soit aboli et que le général Musharraf ne démissionne de son poste de chef des armées avant le 22 novembre.