Une stratégie contredite par les sondages
L’accentuation de son avance au second tour (6 points, au lieu de 4 dans le sondage réalisé le soir même du premier tour) tient largement en fait à une inégale mobilisation des électeurs ayant voté pour l’un des six candidats de gauche éliminés de la compétition électorale, et dont un tiers n’apporteraient pas leur suffrage à la candidate socialiste.
Dans un contexte d’anticipation générale de la victoire de Nicolas Sarkozy le 6 mai prochain, (71% des électeurs pensent qu’il sera élu, opinion partagée même par 58% de ceux qui expriment l’intention de voter pour Ségolène Royal), démobilisateur pour la gauche, Ségolène Royal court le risque de ne pouvoir concilier sa démarche en direction des électeurs centristes avec la nécessaire galvanisation des électeurs d’extrême-gauche. D’ailleurs, seuls 40% des électeurs souhaitent la victoire de Ségolène Royal le 6 mai prochain contre 46% celle de Nicolas Sarkozy.
L’attention se portant naturellement sur l’attitude qu’adoptera François Bayrou à l’égard des sollicitations dont il fait l’objet de tous côtés, il faut noter l’inclination dominante de ses électeurs à ne pas choisir. D’une part pour 43% des électeurs de François Bayrou au premier tour, le programme de leur candidat est aussi éloigné de celui de Ségolène Royal que de celui de Nicolas Sarkozy. D’autre part, ces mêmes électeurs du 1er tour préféreraient qu’il ne donne aucune consigne de vote (55%).
Cet élément décisif de l’équation stratégique à laquelle est confronté François Bayrou lui donne une liberté supplémentaire, sans pour autant qu’il puisse être assuré que l’attitude fièrement attentiste de son électorat résiste longtemps à la montée en puissance de l’affrontement binaire ayant jusqu’aujourd’hui structuré la vie politique française.
Source : analyse de Jérôme Sainte-Marie - Directeur de BVA Opinion pour Orange - Presse régionale