Mauvaise nouvelle : +360€/an sur votre recharge électrique. Voici pourquoi !
Publié le 03 septembre 2025 à 12:00
La révolution verte bouleverse désormais les habitudes les plus ancrées des foyers français, et la recharge des véhicules électriques à domicile s'apprête à en faire les frais. Une réforme discrète mais puissante, portée par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), pourrait chambouler votre facture d’électricité… et elle arrive plus vite qu’on ne le croit.
Un système conçu dans les années 80, bientôt dépassé ?
Depuis près de quarante ans, le système des heures pleines et heures creuses rythmait la vie des consommateurs français. Son principe est simple : l’électricité coûte moins cher la nuit, période où la demande est faible et la production (surtout nucléaire) continue. Résultat, nombre d’entre nous ont calé lave-linge, ballon d’eau chaude… et désormais recharge de voiture électrique sur ces plages horaires avantageuses.
Mais à l’heure où la production d’électricité se verdit à grande vitesse – avec le solaire en première ligne – ce modèle montre ses limites. Les panneaux solaires, eux, déversent leur énergie en journée, souvent quand la demande domestique est la plus basse. Dilemme : comment consommer l’électricité lorsqu’elle est la plus abondante ?
La CRE entame donc une refonte totale du calendrier des heures creuses, avec une réforme qui s’étalera de novembre 2025 à fin 2027. Fini les huit heures creuses nocturnes uniformes : place à la flexibilité et à l’adaptation en temps réel à la production renouvelable.
Des horaires bouleversés, des habitudes à revoir
D’ici à la fin de 2025, la production solaire française aura triplé par rapport à 2020, atteignant 6 GW. Pour accompagner cette montée en puissance, la réforme prévoit toujours huit heures creuses par jour, mais leur répartition change radicalement : au moins cinq heures maintenues la nuit, et jusqu’à trois heures déplacées en journée, entre 11h et 17h, pile quand le soleil est au zénith.
Sur le papier, cela paraît logique : encourager la consommation quand l’électricité est propre, abondante, et moins chère à produire rend tout le système plus vertueux. Mais dans la réalité, ce basculement risque de ne pas faire que des heureux, surtout chez les électromobilistes.
Conséquence directe : la facture grimpe pour les propriétaires de voitures électriques
Imaginez : jusqu’à présent, recharger entièrement une batterie sur une borne domestique standard (7,4 kW) nécessitait 7 à 8 heures, intégralement couvertes par la plage nocturne. Avec seulement 5 heures creuses la nuit, il faudra inévitablement compléter la charge en période pleine, bien plus coûteuse.
L’impact financier n’est pas anodin : selon les modèles, la hausse mensuelle pourrait varier de 15 à 30 €, soit jusqu’à 360 € par an. Pour une Renault ZOE, la note grimperait de près de 8,6 % sur une recharge complète, et la tendance est similaire pour des modèles plus imposants comme le Skoda Enyaq (+14 %) ou l’Audi e-tron (+11 %).
Des opportunités pour les plus malins… et des galères pour les autres
Toutefois, la réforme n’est pas une fatalité. Les plus prévoyants, ou ceux qui ont déjà franchi le pas des maisons intelligentes et des panneaux photovoltaïques, pourraient même tirer leur épingle du jeu. En adaptant leur routine ou en investissant dans des systèmes domotiques avancés, ils profiteront des nouvelles fenêtres de "super-creuses" – des périodes où l’électricité sera particulièrement bon marché lors des pics de production solaire.
Astuce : surveillez l’arrivée d’offres innovantes comme les "Heures Super Creuses" d’EDF ou "Empower Flextime" d’Engie. Ces formules dynamiques permettent de caler sa consommation sur les heures les moins chères, à condition d’avoir la flexibilité nécessaire… ou la bonne technologie à la maison.
Mais tout le monde n’a pas la possibilité de brancher sa voiture à midi, ou de piloter tout son foyer à distance. Pour de nombreux actifs, la recharge à domicile en journée relève du casse-tête, condamnant à payer le prix fort pour finir de charger leur véhicule pendant les heures pleines du soir.
Attention : les écarts pourraient se creuser entre ceux capables d’adapter leur consommation et ceux qui, faute de flexibilité ou de moyens, subiront de plein fouet la hausse des tarifs nocturnes moins avantageux.
Comment anticiper la transition ?
La réforme ne débarquera pas du jour au lendemain. Dès la fin 2025, des expérimentations démarreront, avec une généralisation prévue jusqu’à 2027. Un conseil : tenez-vous informés des nouveaux créneaux horaires, qui seront communiqués par les fournisseurs et gestionnaires de réseau.
Pour limiter l’impact sur votre budget :
- Renseignez-vous sur les offres d’électricité à tarifs dynamiques ;
- Envisagez l’installation d’une borne intelligente ou d’un système domotique pour piloter vos recharges ;
- Si possible, adaptez vos usages pour profiter au maximum des plages "super-creuses".
La révolution énergétique n’épargne plus personne, et la recharge à domicile pourrait bien devenir un luxe pour certains… ou une belle opportunité pour d’autres. Un vrai défi pour l’équité énergétique, et une page qui s’ouvre dans la grande histoire de la transition verte.