Impôts : devez-vous vraiment déclarer Netflix ou Disney+ ? La rumeur qui affole les réseaux

Impôts : devez-vous vraiment déclarer Netflix ou Disney+ ? La rumeur qui affole les réseaux
Crédit photo : © sitthiphong / Shutterstock.com
Par Marie Prévost
Publié le 02 octobre 2025 à 15:26
Depuis quelques jours, une rumeur affole les réseaux sociaux : les abonnés à Netflix, Prime Video ou Disney+ devraient bientôt déclarer leurs abonnements aux impôts sous peine d’une amende salée. Une nouvelle taxe sur le streaming serait même à l’ordre du jour. Mais que se cache-t-il vraiment derrière cette histoire ? Démêlons le vrai du faux.

La vidéo qui a mis le feu aux poudres

Tout démarre par une vidéo virale, publiée par le compte Actu.time sur les réseaux sociaux. Son message est choc : à compter du 1er octobre, tous les utilisateurs de plateformes de streaming par abonnement devraient signaler leur abonnement sur leur déclaration d’impôts. Objectif affiché : lutter contre la fraude et mieux encadrer le partage de comptes. La vidéo va plus loin et évoque une contravention comprise entre 60 et 90 euros en cas d’oubli ou de manquement à cette obligation.

En quelques jours, la vidéo récolte plus de 400 000 vues et fait bondir de nombreux internautes. Certains s’indignent, d’autres s’inquiètent : doit-on vraiment payer une nouvelle « redevance streaming » ? Faut-il craindre une sanction pour avoir partagé son compte Netflix avec un proche ?

Une “taxe streaming” : le retour de la redevance TV ?

La vidéo s’appuie sur un vocabulaire législatif et des mécaniques bien connues des Français. Jusqu’en 2022, la redevance télévisuelle était exigée de tous les foyers équipés d’un poste TV, collectée lors de la déclaration d’impôts. Cette contribution finançait le service public audiovisuel. Le parallèle avec le streaming semble tentant, mais est-il fondé ?

Ce qui circule en ligne ressemble fort à une réadaptation de l’ancienne redevance TV, transposée à l’ère du numérique : cette fois, les abonnés à des services de streaming seraient mis à contribution pour financer la création de contenus. Mais cette histoire de déclaration obligatoire et d’amende en cas d’oubli fait tiquer.

Attention : il n’existe à ce jour aucune obligation de déclarer ses abonnements de streaming sur sa feuille d’impôts. Aucune amende forfaitaire de 90 € n’est prévue pour les utilisateurs de Netflix, Prime Video ou Disney+.

La vérité derrière la rumeur

La réalité est bien différente de ce que laisse entendre la vidéo virale. Le compte Actu.time détourne des éléments réels – la redevance TV et la déclaration d’appareils – pour bâtir une infox parfaitement ficelée. Mais le gouvernement n’a annoncé aucune mesure de ce genre pour les plateformes de streaming. Les seules contributions exigées concernent directement les entreprises du secteur, pas les particuliers.

En ce qui concerne la lutte contre le partage de comptes, là encore, l’État n’a rien à voir dans la bataille. Depuis 2022, ce sont les plateformes elles-mêmes qui traquent les utilisateurs partageant un compte entre plusieurs foyers. Leurs outils permettent de détecter et de bloquer les accès jugés abusifs. Netflix a ouvert la voie, suivi par Disney+ ou Prime Video. Mais en cas d’infraction, la sanction se limite à une restriction d’accès, jamais à une amende fiscale.

Bon à savoir : Si vous partagez votre compte Netflix avec un ami qui n’habite pas chez vous, la plateforme peut vous demander de régulariser votre situation ou tout simplement bloquer l’accès. Mais jamais une administration publique ne vous infligera une amende à ce sujet !

Pourquoi ces fausses informations circulent-elles autant ?

La prolifération des fake news sur les réseaux sociaux n’est pas nouvelle. Mais l’avènement de l’intelligence artificielle, capable de générer images et textes plus vrais que nature, a fait exploser leur diffusion. Les utilisateurs se retrouvent quotidiennement confrontés à de fausses infos, des vidéos manipulées ou des images trompeuses.

Dans le cas qui nous occupe, la vidéo joue sur l’ambiguïté : elle affiche une date d’application (« dès le 1er octobre »), alors que la voix off cite le 1er mai. Ce type d’anomalie doit mettre la puce à l’oreille.

Comment éviter de tomber dans le piège ?
  • Repérez les incohérences : dates contradictoires, sources floues, vocabulaire alarmiste.
  • Vérifiez l’information sur des sites officiels : le Journal officiel, les médias reconnus, ou même le site du service public.
  • Prêtez attention aux images : mouvements étranges, visages incohérents, décors suspects peuvent trahir une création par intelligence artificielle.
  • Ne partagez pas une information non vérifiée, même si elle semble crédible ou relayée par un nombre important d’utilisateurs.

Le vrai visage de la lutte contre le partage de comptes

La lutte contre le partage des comptes, grande préoccupation des plateformes de SVOD, vise surtout à augmenter le nombre d’abonnés payants. Netflix a ouvert le bal en France en 2022 et 2023, en limitant l’accès à un foyer principal : toute connexion extérieure est désormais bloquée ou facturée en supplément. Disney+ et Prime Video ont rapidement suivi.

Pour autant, aucune législation nationale ne s’applique à ce sujet. Les règles sont définies dans les conditions d’utilisation des plateformes, et ce sont les entreprises qui décident de sanctionner (ou non) les utilisateurs concernés, via le blocage de leur accès. Le gouvernement n’a aucun rôle dans cette chasse… et ne vous infligera jamais une amende pour avoir partagé votre compte avec votre cousine !

La prudence, meilleure arme contre la désinformation

Face à l’explosion des infox sur le numérique, l’esprit critique reste la meilleure défense. Avant de paniquer à la vue d’une soi-disant « taxe Netflix » ou d’une nouvelle amende, prenez le temps de vérifier, de recouper, de lire au-delà de l’accroche. Les fausses informations sont souvent construites sur des peurs ou des habitudes réelles… mais l’essentiel est de garder la tête froide.

Aucun impôt ni amende n’est en vigueur pour les abonnés à Netflix, Disney+ ou Prime Video. Les seules règles à respecter sont celles des plateformes elles-mêmes. Pour le fisc, votre compte streaming reste, pour l’instant, votre affaire… et rien que la vôtre !