Maison de retraite : Voici des solutions méconnues pour payer quand on n’a pas les moyens

Maison de retraite : Voici des solutions méconnues pour payer quand on n’a pas les moyens
Par Cindy Duparcq
Publié le 24 septembre 2025 à 10:21

Le coût d’une maison de retraite en France a de quoi donner des sueurs froides : entre 2 000 et 3 000 € par mois, parfois bien plus en région parisienne. Pour de nombreuses familles, c’est un véritable choc financier, d’autant que les pensions de retraite ne suffisent presque jamais à couvrir la totalité de la facture. Pourtant, il existe de nombreux dispositifs et astuces pour alléger ce fardeau, souvent méconnus ou mal utilisés… Êtes-vous sûr de connaître toutes vos options ?

Le vrai prix d’une maison de retraite : comprendre la facture

Avant de s’intéresser aux solutions, il faut comprendre ce que l’on paie réellement dans un établissement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). En 2023, le prix médian tourne autour de 2 000 à 3 000 € mensuels, mais il peut exploser jusqu’à 6 000 € dans certains établissements haut de gamme ou situés en région parisienne. Cette différence s’explique par la localisation, le type de gestion (public, privé, associatif) et les prestations proposées.

La facture se compose généralement de trois parties :

  • Le tarif hébergement (logement, repas, entretien, animation)
  • Le tarif dépendance (lié au niveau d’autonomie, évalué par le GIR)
  • Le tarif soins (pris en charge par l’Assurance maladie)

Pourquoi est-ce important ? Car chaque aide financière intervient sur un poste précis… et tout s’imbrique !

Les aides officielles : des leviers souvent sous-estimés

Beaucoup de familles passent à côté d’aides précieuses, par manque d’information ou à cause de démarches jugées trop complexes. Pourtant, certaines d’entre elles peuvent considérablement réduire la facture.

À savoir : Les démarches pour obtenir ces aides peuvent paraître lourdes, mais leur impact sur le budget est souvent décisif.

L’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie) est la principale aide pour les personnes dépendantes. Versée par le Conseil départemental, elle couvre une partie du tarif dépendance, son montant variant selon le degré d’autonomie (jusqu’à 2 000 € pour les cas les plus lourds).

L’ASH (Aide Sociale à l’Hébergement) est un dispositif méconnu et pourtant essentiel pour les familles modestes. Elle peut prendre en charge tout ou partie du tarif hébergement, mais uniquement dans les établissements habilités à l’aide sociale. Attention : elle est récupérable sur succession ou auprès des enfants, ce qui explique parfois les hésitations à y recourir.

Les aides au logement (APL, ALS) peuvent aussi être sollicitées, selon la situation du résident et le type d’établissement. Elles sont versées par la CAF ou la MSA et viennent réduire le reste à charge.

La réduction d’impôt pour frais d’hébergement et de dépendance en EHPAD offre un coup de pouce fiscal non négligeable : jusqu’à 25 % des frais engagés, dans la limite de 10 000 €. Mais attention : seule la part dépendance donne droit à cette réduction.

Prudence : Si vous ne payez que l’hébergement, sans frais de dépendance, vous ne pouvez pas bénéficier de la réduction d’impôt.

Solutions alternatives : et si vous activiez d’autres leviers ?

Au-delà des aides “classiques”, d’autres options existent pour financer un hébergement en maison de retraite. Elles sont parfois ignorées, alors qu’elles peuvent s’avérer déterminantes.

Le viager hypothécaire permet d’emprunter sur la valeur d’un bien immobilier, sans perdre la propriété et sans remboursement de son vivant. Au décès, les héritiers peuvent rembourser le prêt ou laisser la banque vendre le bien pour se rembourser.

La vente en viager offre un capital immédiat (le “bouquet”) et une rente à vie, idéale pour ceux qui possèdent un bien mais manquent de liquidités.

L’obligation alimentaire implique légalement enfants et petits-enfants, avec une participation proportionnelle aux ressources. Elle peut être fixée à l’amiable ou par un juge.

Les fonds d’action sociale des caisses de retraite peuvent accorder des aides exceptionnelles ou financer une partie des frais d’entrée : une piste à explorer directement auprès de votre caisse.

Anticiper pour mieux gérer : les stratégies préventives

L’entrée en EHPAD se prépare idéalement en amont : plus on anticipe, plus on dispose de marges de manœuvre.

  • L’assurance dépendance prévoit une rente mensuelle en cas de perte d’autonomie : plus elle est souscrite tôt, plus elle est abordable.
  • L’épargne dédiée (Plan d’Épargne Retraite, assurance-vie, SCPI…) peut être orientée vers la prise en charge d’une éventuelle dépendance future.

Négocier et choisir intelligemment son établissement

Le choix de la structure compte énormément dans la facture finale. Les établissements publics ou associatifs pratiquent des tarifs souvent inférieurs au secteur privé commercial et sont plus fréquemment habilités à l’aide sociale.

Pour les personnes encore relativement autonomes, les résidences autonomie proposent une alternative moins coûteuse qu’un EHPAD médicalisé, avec la possibilité de services à la carte.

Astuce économique : Le partage de chambre, bien que moins répandu, permet de réduire sensiblement les frais et peut servir de solution transitoire.

Optimiser son financement : mode d’emploi pas à pas

  1. Faire un bilan financier global : recenser les revenus, le patrimoine, les charges et calculer ce qu’il reste à vivre.
  2. Constituer un dossier d’aides complet : contacter le CLIC, faire évaluer le niveau de dépendance, déposer les demandes d’APA, d’aide au logement, d’ASH, solliciter les caisses de retraite.
  3. Se faire accompagner : un professionnel (travailleur social, conseiller patrimonial) peut éviter bien des erreurs et trouver des solutions sur-mesure.

Des cas particuliers ouvrant droit à des aides spécifiques

Certains profils bénéficient d’un soutien renforcé : les anciens combattants, victimes de guerre, ou personnes atteintes de maladies spécifiques (Alzheimer, Parkinson, AVC). Des associations comme France Alzheimer, France Parkinson ou France AVC disposent de fonds de solidarité et de solutions adaptées. Renseignez-vous auprès de ces organismes ou de l’ONACVG pour ne rien laisser de côté.

Ne laissez aucune piste de côté : l’anticipation, votre meilleur allié

Entrer en maison de retraite n’est jamais une décision facile, ni humainement ni financièrement. Pourtant, en combinant aides publiques (APA, APL/ALS, ASH), solutions patrimoniales (viager, épargne), et accompagnement par les services sociaux (CLIC, CCAS, caisses de retraite), il est souvent possible de réduire significativement le reste à charge.

Si la situation se présente dans l’urgence, prenez le temps de solliciter tous les dispositifs d’aide et d’envisager les alternatives. Mais si vous pouvez anticiper, commencez dès maintenant à vous informer et à préparer ce virage crucial de la vie : chaque euro économisé aujourd’hui vous offrira davantage de sérénité demain.