RSA toute la vie, puis la retraite : voici le montant que ces bénéficiaires touchent

Publié le 26 septembre 2025 à 07:00
Le passage à la retraite est souvent synonyme d’incertitude. Mais pour celles et ceux qui ont bénéficié du RSA durant une grande partie de leur vie, cette étape s’accompagne d’une question redoutée : combien vais-je toucher une fois à la retraite ? Les réponses sont rarement réjouissantes…
RSA : un filet de sécurité… mais à quel prix pour la retraite ?
Le Revenu de Solidarité Active (RSA) a été créé pour garantir un minimum vital aux personnes sans emploi ou à très faibles revenus. Il joue un rôle crucial dans la lutte contre la précarité, permettant à des millions de foyers de survivre face à l’adversité économique.
Mais derrière cette aide précieuse se cache une réalité bien moins connue : le RSA ne protège pas contre la précarité future. Contrairement à l’assurance chômage indemnisée, les périodes où l’on touche le RSA ne permettent pas de valider de trimestres pour la retraite. Autrement dit, ces années « blanches » ne sont pas prises en compte dans le calcul de vos droits à la pension.
À la veille de la retraite, de nombreux bénéficiaires du RSA découvrent que leurs années de précarité pèsent lourdement sur le montant de leur future pension…
Des pensions deux fois plus basses que la moyenne
Les chiffres sont sans appel. Selon une étude de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), les personnes ayant touché des minima sociaux comme le RSA perçoivent une pension de retraite presque deux fois inférieure à celle des autres retraités.
Comment expliquer ce grand écart ? D’abord, la majorité de ces bénéficiaires ont eu des carrières professionnelles hachées, des emplois peu qualifiés, et donc des cotisations faibles ou irrégulières. Ensuite, les années sous RSA n’ouvrent aucun droit à la retraite, creusant encore plus le fossé avec la moyenne nationale.
Le choc du passage à la retraite
Pour beaucoup, la transition vers la retraite n’est pas seulement financière. Elle est aussi psychologique. La perte de revenus, déjà faible pendant la vie active, devient parfois insoutenable à l’âge de la retraite. Les démarches administratives, souvent complexes, ajoutent encore au sentiment d’abandon.
Attention : un changement brutal de situation peut entraîner une baisse de niveau de vie significative. De nombreux ex-bénéficiaires du RSA se retrouvent dans la précarité, malgré une vie de lutte et de résilience.
ASPA : le dernier filet de sécurité
Face à cette impasse, une alternative existe : l’ASPA, ou Allocation de solidarité aux personnes âgées. Cette prestation sociale s’adresse aux personnes âgées d’au moins 65 ans (ou 67 ans dans certains cas), disposant de faibles ressources ou n’ayant pas ou peu cotisé durant leur vie active.
L’ASPA garantit un minimum de ressources, soit environ 1 016 € par mois pour une personne seule sans autre revenu en 2024. C’est un socle de survie pour nombre d’anciens bénéficiaires du RSA.
Mais la réalité reste amère : ce montant, bien qu’utile, ne permet pas de vivre confortablement. Il ne compense pas la différence avec une retraite moyenne, encore moins avec les retraites « pleines » obtenues après une carrière complète.
Comment demander l’ASPA et préparer sa retraite quand on a touché le RSA ?
- Vérifier vos droits : Sur votre espace personnel de l’Assurance Retraite ou en contactant la Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé au Travail (CARSAT).
- Constituer un dossier : L’ASPA n’est pas attribuée automatiquement. Il faut remplir un formulaire spécifique et fournir des justificatifs de ressources et d’état civil.
- Anticiper : Les démarches peuvent prendre du temps. Mieux vaut s’y prendre 6 mois avant la date souhaitée de départ à la retraite.
- Se faire accompagner : Des associations ou les Centres Communaux d’Action Sociale (CCAS) peuvent aider à constituer le dossier.
L’écart persistant entre vie active et retraite
Toucher le RSA durant sa vie active, c’est souvent accepter une précarité immédiate. Mais c’est aussi, malheureusement, hypothéquer son avenir. Le système actuel de retraite en France ne prend pas suffisamment en compte les parcours difficiles, et la transition vers la retraite reste une épreuve pour ceux qui n’ont pas pu valider assez de trimestres.
Pour ces retraités, le montant de la pension reste bien en deçà du seuil de pauvreté, même avec les aides complémentaires comme l’ASPA.
Que faire si l’on est concerné ?
Il existe plusieurs pistes pour limiter la casse :
- Vérifier s’il est possible de valider des trimestres grâce à des périodes assimilées (service militaire, maladie, maternité…)
- Faire le point régulièrement avec la CARSAT sur ses droits
- Se renseigner sur les aides locales complémentaires (logement, énergie, santé…)
- Ne pas rester isolé et solliciter l’accompagnement social
Un conseil : même si la situation semble figée, il n’est jamais trop tard pour faire valoir ses droits ou solliciter des aides. L’important est d’être bien informé et accompagné.
Un enjeu de société, une urgence sociale
La situation des retraités ex-bénéficiaires du RSA interroge sur la capacité de notre système à protéger les plus fragiles, même après une vie de difficultés. Si des aides existent, elles restent insuffisantes pour garantir une vieillesse digne à tous. Face à l’urgence sociale, l’enjeu est de repenser le modèle pour ne laisser personne au bord du chemin.