Aurélie FILIPPETTI. - Qu'il faille des ajustements, c'est normal. Mais les propositions du gouvernement vont à l'encontre de l'évolution démographique. On supprime des circonscriptions dans des zones urbaines et pas dans des zones moins dynamiques ! Le découpage a été fait de manière assez peu scientifique et objective. Il a été mené sur des critères politiques.
Quel est alors l'objectif du gouvernement selon vous ?
C'est un objectif de verrouil¬lage, notamment dans les cir¬conscriptions tangentes. Il fait aussi le choix de faire disparaître des circonscriptions de gauche pour affaiblir la gauche. Avec ce projet, il faudra qu'elle obtienne plus de 51 % pour avoir la majorité en sièges à l'Assemblée.
Que comptez-vous faire ?
Il faut attendre les ordonnances. Mais nous avons plusieurs voies de recours, devant le Conseil constitutionnel par exemple. Nous pouvons aussi dénoncer ce qui se passe. C'est ce que je vais faire. En Moselle, le redécoupage a frappé une circonscription de gauche, comme par hasard la mienne, sans justification démographique. Mais c'est une circonscription qui avait connu des alternances… Le projet aboutit à renforcer certains députés au détriment d'autres.
Précisément…
Il y a eu des pressions de François Grosdidier. L'un des cantons de ma circonscription, telle qu'elle est découpée, est rattaché à la sienne. Alors il a fait redécouper la carte de Metz pour obtenir un canton de droite supplémentaire. C'est un petit appendice qui n'est presque pas relié à sa circonscription !
Que comptez-vous faire aux législatives de 2012 ?
Je n'ai pas l'intention de me laisser faire.
Où serez-vous candidate ?
Je ne peux pas vous dire, la carte n'est pas encore établie… Nous allons mener le combat jusqu'au bout pour obtenir un redécoupage plus équitable. Les électeurs doivent pouvoir choisir librement leur député. Ne faire que des cir¬conscriptions verrouillées, à droite comme à gauche, n'est pas juste. Ce projet porte atteinte au libre choix de nos concitoyens, à ce qu'il y a de beau dans la démocratie : la possibilité d'alternance. Ce n'est pas cela la démocratie.
Est-ce donc un projet dangereux ?
Je ne sais pas s'il faut aller jusqu'à «dangereux». On attend des hommes politiques qu'ils convainquent sur leurs propositions. Si le jeu est truqué, c'est comme si vous commenciez une partie de football et que les joueurs d'en face sont dopés et que les règles vont changer en cours de route.