Julien Decot, Skype : " Nous aidons nos utilisateurs à découvrir plus facilement nos services payants, y compris sur mobile "

Par Bernard M.
Publié le 22 octobre 2009 à 15:19

Jusqu'à 12 millions de personnes communiquent simultanément avec Skype, le logiciel de communication d'eBay qui totalise pour ses cinq ans 338 millions de comptes. De passage à Paris, le Français Julien Decot - basé aux Etats-Unis comme directeur de la stratégie - explique aux Echos comment Skype monétise ses services et devient accessible sur toutes les plates-formes mobiles compris.

Il y a un an, eBay - qui a racheté Skype en 2005 pour 2,5 milliards de dollars* - a déprécié la valeur de cet actif pour le ramener de 3,3 milliards à 1,9 milliards de dollars. Qu'en sera-t-il cette année après cinq ans d'existence ?

Julien Decot : Comme vous le savez, selon les normes GAAP américaine, eBay a l'obligation d'auditer régulièrement la valeur de ses immobilisations incorporelles et, lorsque cela s'impose, de comptabiliser un ajustement si nécessaire. Le groupe a estimé que c'était le cas en septembre 2007 et continue de revoir régulièrement la valeur de ces actifs. Mais nous ne pouvons communiquer publiquement sur ce sujet.

Reste que Skype continue croître fortement. Nous avons réalisé 135 millions de dollars de chiffre d'affaires lors du deuxième trimestre de cette année, ce qui représentait une croissance de 51 % sur un an par rapport à la même période. Sachant que notre chiffre d'affaires pour 2007 était de 381 millions de dollars, cela donne la tendance sur laquelle nous sommes pour 2008. Skype atteint à la fin du second semestre 338 millions de comptes ouverts. Les dernières tendances sont très favorables.

Comment comptez-vous augmenter vos revenus, comme le souhaite votre maison mère eBay - elle-même en difficulté, selon l'hebdo américain Barron's qui parle de 1 500 suppressions d'emplois en vue ? Après l'ordinateur, comment Skype s'impose ailleurs ?


J.D. : Pour augmenter notre chiffre d'affaires, nous allons nous concentrer sur l'amélioration de trois fondamentaux. D'abord, améliorer constamment le produit : le rendre encore plus simple et plus intuitif tout en répondant aux nouveaux besoins de nos utilisateurs. D'où l'importance prépondérante donnée à la vidéo dans la nouvelle version de Skype 4.0, dont la " bêta 1 " est disponible depuis juin dernier. Ensuite, s'assurer que Skype est disponible sur toutes les plates-formes possibles : Windows, Mac, Linux, PSP, ainsi que mobiles et en particulier la plate-forme Mobile Internet Device (IMD) avec Intel...

Nous pensons que Skype a vocation à être disponible sur toutes les plates-formes susceptibles de fournir nos services-clefs : voix, chat, vidéo, SMS et partage de documents. Nous investissons énormément pour améliorer Skype sur Windows, Mac et Linux, IMD. La prochaine version de Skype 4.0, la " bêta 2 ", va être lancée dans les semaines qui viennent.

En devenant disponible sur tous les environnements, fixes ou mobiles, Skype est-il en train de changer de modèle économique ? Si les communications voix entre ordinateurs son toujours gratuites, comment arrivez-vous à développer les services payants ?

J.D. : C'est le troisième de nos fondamentaux. Nous travaillons tous les jours à aider nos utilisateurs à découvrir plus facilement nos services payants. A savoir " Skype-out " pour appeler des numéros de fixe ou de mobile à prix réduits, nos abonnements illimités qui permettent par exemple d'appeler toutes les lignes fixes en Europe pour 4,5 euros par mois, ou encore nos services de SMS très bon marché (4 centimes d'euro par envoi), voire les conférences téléphoniques, la reconnaissance de numéro sur page web... Nous avons la chance de bénéficier d'un écosystème extrêmement dynamique de partenaires. C'est par exemple le cas de Hutchison Whampoa sur le mobile avec le " 3Skypephone" depuis fin 2007 [mais pas en France, ndlr], avec partage de revenus, sur la console de jeu PSP de Sony ou encore via des intégrations avec Salesforce.com.

Enfin, nous suivons avec beaucoup d'intérêt l'émergence de nouvelles plates-formes mobiles. Dans ce domaine, notre ambition est double : d'une part, permettre à nos utilisateurs d'utiliser Skype où qu'ils soient, sur le terminal de leur choix ; d'autre part, faciliter la vie de milliers de partenaires dans le monde qui souhaitent intégrer certaines fonctionnalités de Skype. Nous sommes conscients qu'il nous reste beaucoup de chemin de parcourir - notamment dans le domaine des mondes virtuels [comme Second Life, ndlr].