Créé en 2006, Lala.com consistait à l’origine en une plateforme d’échange de CD entre internautes. Le site a évolué une première fois en 2007, se transformant pour quelques semaines en bibliothèque en ligne personnelle sur laquelle on pouvait télécharger ses propres mp3, et proposant un service gratuit d’écoute en streaming en partenariat avec quelques labels. La troisième et actuelle version du site, lancée en 2008, s’est focalisée sur l’écoute en streaming mais a adopté un modèle payant.
Alors que Spotify ou Deezer proposent un abonnement illimité à 10 euros par mois, Lala fait payer l’écoute au morceau — principalement grâce à des crédits prépayés. Le tarif est de 10 centimes de dollar pour une location « à vie », c’est-à-dire un nombre d’écoutes infini depuis le serveur du site. Si l’internaute souhaite télécharger la musique sur son ordinateur pour en disposer hors-ligne ou la transférer sur un lecteur mp3, sans DRM, il devra débourser 89 cents par piste. L’écoute reste gratuite, en revanche, pour les morceaux que l’utilisateur possède déjà sur son ordinateur. Le site scanne le contenu du disque dur et ajoute à la « collection » de l’internaute tous les fichiers extraits depuis un CD ou déjà téléchargés depuis n’importe quelle plateforme en ligne.
Mais c’est la location infinie qui a réellement fait le succès de Lala outre-Atlantique. À l’heure où il n’est plus si avantageux de disposer de ses fichiers musicaux « en dur » quand on peut y accéder 24h/24 par Internet via son ordinateur ou son téléphone portable, le tarif unique de 10 cents, dix fois inférieur à celui pratiqué en moyenne par les plateformes de téléchargement du type iTunes, est extrêmement attractif. Il permet également de s’affranchir du problème de la mémoire des appareils mobiles, souvent trop limitée pour contenir une bibliothèque de milliers de morceaux de musique.
Lala compte aujourd’hui plus de 8 millions de titres dans un catalogue abreuvé par les quatre majors et de nombreux labels indépendants, et profite d’un marché qui explose — mais qu’Apple avait complètement laissé de côté jusqu’à aujourd’hui, iTunes ne gérant que le téléchargement des morceaux. Par le rachat de la société, Apple va à la fois avaler un de ses concurrents les plus sérieux et combler les faiblesses de sa plateforme. La firme de Cupertino pourra également reprendre à son compte les partenariats récemment établis par Lala avec Facebook (pour offrir des morceaux de musique à ses amis sur le réseau social) et Google (qui propose désormais l’écoute d’extraits et l’achat de pistes dans ses résultats de recherche).