La France qui (sou)rit …
Publié le 30 juin 2006 à 09:39
Lundi soir, 20h00. David Pujadas entame son classique journal télévisé en annonçant que le chef de l’Etat s’exprimerait, d’ici quelques minutes, en direct de l’Elysée, répondant aux questions d’Arlette Chabot.
Effectivement, quelques minutes plus tard, le rideau se lève sur le décor planté par le présentateur vedette de la chaîne publique.
Quels sont les personnages de cette scène ? À ma gauche, un chef de l’Etat, détendu, souriant, pugnace et ayant retrouvé – comme c’est souvent le cas chez lui – les ressources nécessaires pour rebondir dans les épreuves, un vrai président, d’une vraie république, une personne mûre et responsable qui va, patiemment, égrener les facteurs de succès de son gouvernement, la feuille de route fixée et tenue par l’équipe gouvernementale, la situation de la France dans le monde, les investissements étrangers en France, 2ème terre d’accueil derrière la Chine désormais, le recul du chômage, la croissance qui repart, la confiance peu à peu retrouvée.
Les arguments sont clairs. Les mots incisifs voire corrosifs. Ne cédant ni à la pression politicienne d’une opposition qui rêve d’y croire, ni aux sondages pour faire vendre du papier qui voudraient que l’on coupât la tête à un exécutif légitime constitutionnellement, jusqu’en 2007, Jacques Chirac a ô combien eu raison de rappeler que l’existence d’une grande échéance l’année prochaine ne devait pas ralentir ni stopper l’action en cours, que de baisser les bras serait suicidaire et irresponsable. Surtout lors du premier quinquennat de notre Vème République dont il semble faire la triste expérience mais que les faits, à ce gaulliste de toujours, lui ont imposé.
Epinglant les Cassandre, brocardant médias et défaitistes de tous poils, l’hôte de l’Elysée s’amuse, presque, à faire le jeu des questions et des réponses, tout seul, face à une directrice de l’information d’une grande chaîne publique muette sur les grands sujets et fielleuse sur les affaires Clearstream, en cours d’instruction judiciaire ou encore le maintien de M. de Villepin à Matignon. Falote, aigrie et sans saveur, l’intervieweuse d’un soir se fait tancer et rappeler à l’ordre, notamment sur les questions qu’elle aurait du, décemment comme logiquement, poser.
C’est pour ce Chirac-là que les électrices et les électeurs ont voté, deux fois, au suffrage universel. On ne pourra que regretter son manque de constance dans l’excellence, laissant souvent le champ libre aux diatribes et quolibets de …
Oui, la France qui pleure. Cette fraction de notre pays, déprimée, désarmée, désarçonnée face aux grandes mutations de notre Société que justement nos dirigeants tentent, le mieux qu’ils le peuvent, d’anticiper, offrant aux uns l’accompagnement nécessaire, aux autres la faculté de mieux encore s’épanouir, dans un cadre légal et réglementaire pourtant poussiéreux qui fait, encore aujourd’hui, office de garde-fou.
François Hollande est de ceux qui représentent avec le plus de talent cette seconde France, s’exprimant, le lendemain, sur la même chaîne, et qualifiant de pathétique, surréaliste et autres qualificatifs désagréables l’intervention du chef de l’Etat qui n’avait pour dessein que de restaurer des repères perdus, une preuve, s’il en «était besoin, qu’il n’a rien compris ou plutôt rien voulu comprendre, n’ayant plus aucun respect ni pour l’Homme qu’il agressait ainsi verbalement, ni pour la fonction.
Le « coq » du PS, le « culbuto » de Ségolène n’a ni panache, ni envergure. D’ailleurs, au moment de quitter le plateau télévisé sur une actualité « brûlante », le match programmé, moins d’une heure plus tard, entre l’équipe de France et l’Espagne pour ces 8ème de finale la Coupe du Monde de Football n’a suscité chez lui que cette réflexion, étalant au grand jour sa fatuité, sa bêtise et la vacuité de tous ses arguments comme de ses prévisions : « j’ai plus confiance en la gauche pour 2007 que dans l’équipe de France ce soir » … Zizou, Turam, Ribery et les autres ont apprécié comme d’ailleurs les supporters ne l’ont pas accepté.
Cette France qui pleure nous porte préjudice. Elle nous hante. Elle nous empêche de libérer nos énergies. Elle est néfaste. La France qui pleure, dotée d’un programme empreint uniquement de nostalgie d’un siècle révolu, doit sécher ses larmes, se faire psychanalyser et rejoindre les rangs de la France qui rit et qui réussit. Voilà, au terme de deux interventions télévisées extrêmement contrastées, ce que nos compatriotes, à tout le moins, auront compris.