Des jeunes fréquentant l'association se disent "dégoûtés". "Il n'y a plus que des policiers dans la rue, en civil ou en uniforme, quand on vient on est dévisagés, contrôlés plusieurs fois par jour comme des terroristes", réagit Nedim Khayat, 18 ans, venu jouer au billard.
Les commerçants de la rue pestent également contre cette présence "encombrante". Les salons de thé, de coiffure, restaurants et magasins d'alimentation turcs sont déserts. "Avec tellement de policiers qui interdisent l'accès à la rue, les clients ne se précipitent pas et les livreurs ne peuvent même plus venir", explique Yilmaz Hindoglu, restaurateur.
"Dans les communautés étrangères du quartier, les Indiens, les Pakistanais les Africains, les Turcs, il y en a qui attendent une régularisation depuis des années, ils n'osent plus sortir de chez eux", ajoute Layla Nezan, une riveraine turque.
Au bar "Chez Jeannette" les patrons font aussi grise mine. Le policier posté devant la porte, à deux pas de la mosquée turque, n'est "pas très bon pour le commerce". A chaque extrémité de la rue, cinq fourgons de police sont garés et des policiers arpentent les trottoirs.
Gilles Roux, conseiller de quartier, a crée un "observatoire du 18 rue d'Enghien" pour les compter au jour le jour. "L'arrivée de Sarkozy dans notre quartier multi-ethnique et populaire fait vraiment tache", assure-t-il.
"C'est de l'abus de pouvoir permanent", s'emporte un riverain devant l'immense photo de Nicolas Sarkozy ornant le hall vitré. Des policiers viennent de le dissuader de se garer à proximité du QG.
Selon M. Roux, "la résistance s'organise". Des habitants ont crée un comité baptisé "rentre chez toi !", assorti d'un blog, pour "appliquer à Nicolas Sarkozy la politique qu'il préconise à ceux qu'il veut exclure" et le "renvoyer à Neuilly", dont il est maire.
Les opposants, notamment des parents d'élèves mobilisés contre l'expulsion de familles sans-papiers s'élèvent contre "le cynisme" et "l'indécence" du ministre candidat qui, selon eux, "utilise à des fins électorales l'installation dans un quartier populaire où se comptent par dizaines les familles de sans-papiers en attente de régularisation".