La scission de l'UDF, redoutée par des parlementaires centristes au lendemain de la victoire de Nicolas Sarkozy, est en train de se concrétiser: après le MoDem lancé le 10 mai par François Bayrou, les députés UDF ayant rejoint la majorité présidentielle ont à leur tour annoncé dimanche la création d'un nouveau parti, qui présentera "une centaine" de candidats aux législatives.
Ils espèrent entraîner avec eux "de nombreux militants et sympathisants UDF qui ne se reconnaissent pas dans la démarche de François Bayrou", selon le député de Côte d'Or François Sauvadet, ex-porte-parole de l'UDF.
Ses fondateurs doivent tenir une conférence de presse vers le 29 mai.
Le MoDem, parti du centre "indépendant", revendique "70.000 adhérents" et présentera 535 candidats aux législatives.
Mais alors que les UDF de la majorité présidentielle, forts de leur accord avec l'UMP, comptent obtenir une "trentaine" de sièges à l'Assemblée, ce qui leur permettrait de constituer un groupe parlementaire (20 minimum), le MoDem n'est crédité par les sondages que de 2 à 10 sièges (TNS Sofres), voire 0 à 4 (BVA), malgré un score de premier tour entre 12% et 15%.
Et ceci alors que son fondateur a réalisé un score de 18,57% au premier tour de la présidentielle.
Pour M. Bayrou, qui réclame depuis longtemps l'introduction de la proportionnelle aux législatives …
… ce "scandale démocratique" découle du fait que le MoDem refuse de "faire allégeance à un camp ou à l'autre", refusant ainsi les précieuses alliances nécessaires dans le mode de scrutin actuel.
Mettant en avant la nécessité de bâtir "un contre-pouvoir" à la majorité de Nicolas Sarkozy, M. Bayrou a fustigé dimanche soir sur France 3 ses anciens amis: les citoyens doivent avoir "des avocats à la tribune, et pas seulement des béni-oui-oui qui vont ratifier une décision prise ailleurs", a-t-il lancé.
Soulignant qu'en comptant les UMP et les UDF ralliés, la majorité présidentielle pourrait compter quelque 390 députés (sur 577), le député européen Bernard Lehideux, candidat du MoDem dans les Hauts-de-Seine, espère pour sa part que les Français percevront le besoin de députés exerçant un rôle de "vigie, d'alerte".
De leur côté, les UDF ralliés à Nicolas Sarkozy mettent en avant leur volonté de s'inscrire "dans l'action".
"Nous voulons être acteurs, pas spectateurs", dit le député du Loir-et-Cher Nicolas Perruchot, tandis que Rudy Salles (Alpes-Maritimes) assure que les futurs députés ne seront "pas aux ordres" mais constitueront "une force de propositions".