Le rendez-vous des « happy few » à Agen : un « Davos » environnemental ?

Par Bernard M.
Publié le 21 juin 2006 à 10:53

Les neuvièmes assises nationales des déchets ménagers et assimilés se tiendront du 27 au 29 juin à Agen. Co-organisée par le réseau IDEAL, le conseil général du Lot-et-Garonne, la communauté d’agglomération d’Agen et la ville d’Agen, les assises visent à «permettre une meilleure mise en œuvre de la nouvelle politique déchets».

Fin 2005, le ministère de l'Ecologie et du Développement durable a fixé l'objectif de diminuer de 10 kg par an les quantités de déchets aujourd'hui mis en décharge ou incinérés.



Autre thème abordé: le transfert aux régions par la loi Démocratie de proximité de la compétence de l'élaboration du PREDIS (Plan régional d'élimination des déchets industriels spéciaux) et, d'autre part, à la région Ile-de-France par la loi Libertés et responsabilités locales, de l'exercice de la compétence d'élaboration d'un PREDMA (Plan régional d'élimination des déchets ménagers et assimilés), alors que dans les autres régions la planification reste départementale et de la compétence des conseils généraux.



Or, bien que l’arsenal législatif, adopté en 1992 par la France, en matière de gestion des déchets ménagers ait introduit, pour la première fois et en son article premier le droit à l'information du public en la matière, force est de constater que, malgré tous les efforts de communication des acteurs des différentes filières, le consommateur-contribuable-citoyen (3C pour les intimes) n'est pas tenu réellement informé des réalités quant à la gestion qui est faite des déchets qu'il produit.



En réaction à cet état de fait, Madame la ministre propose et dispose puisque Nelly OLIN, Ministre de l’Écologie et du Développement Durable, veut prioritairement "mettre les Français au cœur de la gestion des déchets ménagers ... et pour cela, les informer".



Il est temps ! Que d’argent dépensé et combien d’énergie et investissements humains et financiers sont venus, par la seule volonté de communiquer plutôt que d’informer, grever le coût à la tonne du traitement et du recyclage des déchets.



D’autres, à l’instar du groupe Plastic Omnium, considèrent que c’est en impliquant l’administré, seul capable d’agir à la source de la production de déchets que la collectivité entrera dans la logique du "moins jeter, mieux trier et donc économiser."



Ce genre de grand-messe où se prennent les résolutions les plus belles et les plus ambitieuses du monde a fait long feu et c’est sans doute la raison pour laquelle, après s’être institutionnalisée avec une habileté remarquable, cette manifestation tourne un peu en rond avec à peu près toujours les mêmes contributeurs, sur le fond, sur la forme, sur le plan financier.



A l’heure où l’Europe, à travers son projet de révision de la Directive Cadre Déchets menace le fonctionnement de nos sociétés agréées et les circuits mis en place depuis près de 15 ans, il y a mieux à faire que cette réunion des « happy few » à Agen pour décider d’un objectif de réduction volumétrique des déchets à l’horizon d’une décennie quand on sait que lesdits déchets, notamment d’emballages, par nature même, dépasseront largement les objectifs.



La citoyenneté européenne doit aussi exister – en termes de déchets, de leur gestion, leur traitement, leur recyclage, leur valorisation ou leur élimination – car l’exutoire des matières premières dites secondaires n’a plus aucune frontière, celles même des 25 pays de l’Union apparaissant, faute d’une demande suffisante, déjà trop étriquées.