Les Français très sévères envers les politiques qui les gouvernent
Publié le 22 mai 2006 à 11:34
C'est ce qui ressort d'une étude Carat sur la société française, les élites et les médias, publiée lundi, conduite de septembre 2005 à mars 2006 auprès de 1.000 personnes et complétée par des entretiens auprès de 80 personnalités
Selon cette étude, les élites sont jugées indispensables et légitimes par 84% des personnes interrogées, tandis que 63% affirment que ces élites ont un véritable talent personnel.
Mais en revanche, les Français jugent très sévèrement l'action de leur élite actuelle, qu'ils divisent entre une élite dirigeante, dite "du faire", discréditée, et une élite du "dire" qui n'agit pas directement sur le réel.
Une part croissante de Français (57%, soit une augmentation de neuf points en 10 ans) estime que les élites ne sont pas à la hauteur de leurs responsabilités, et 76% constatent une divergence d'intérêt entre les élites d'un côté et les Français de l'autre. Cette défiance touche particulièrement les élites dirigeantes. A contrario, les Français valorisent les "élites du dire" qui commentent le réel, mais qui n'ont qu'une emprise limitée sur la vie quotidienne des Français.
Selon Carat, qui s'appuie sur ses entretiens avec des personnalités, cette cassure entre les attributs de l'élite et leur perception, et ce décalage entre "l'élite qui agit" mal, et "celle qui dit bien", mais n'agit pas, "constituent les facteurs emblématiques de la panne des élites".
Les représentants de l'élite, qui sont, note Carat, "des Français comme les autres", partagent le jugement sévère des Français sur eux-mêmes.
Bien plus, face au jugement sévère des personnes interrogées, les personnalités avec lesquelles les enquêteurs se sont entretenus, déclarent dans leur majorité qu'"à titre individuel, ils ne font pas partie de l'élite".
En effet, lorsqu'ils admettent faire partie de l'élite, c'est systématiquement au regard de leur statut, mais jamais en tant qu'individu.
Enfin, l'enquête de Carat montre qu'il n'y a pas d'élite sans les médias. Passer dans les médias est le signe jugé le plus distinctif de l'appartenance à l'élite pour 73% des Français.
Si être dans les médias n'est pas une condition suffisante pour faire partie de l'élite, elle est toutefois une condition absolument nécessaire. Pour les élites, les médias ne doivent cependant pas être un vecteur de notoriété et, en ce sens, ils ne doivent pas créer les élites; ils doivent néanmoins offrir des tribunes d'expression aux élites afin de leur permettre de jouer leur rôle de porte-parole et de pédagogue auprès du reste de la population.