Les élus locaux seraient-ils pris en étau ?
Publié le 05 novembre 2009 à 08:28
Au menu de ce 92ème Congrès des Maires et des Présidents de Communautés de France figure le thème central choisi par l’AMF : « Entre crise et reformes : le maire, force de proximité ».
La très puissante association des élus locaux considère, selon ses propres termes, que « pour être efficace, l’action publique gagne à être organisée et conduite au plus près des citoyens et sous leur contrôle. Le maire est considéré par l’ensemble de nos concitoyens comme l’une des figures les plus emblématiques de l’action publique de proximité. Les élus communaux et intercommunaux sont donc très attachés à ce que celle-ci puisse continuer à se développer, tout particulièrement en temps de crise, dans le cadre des nombreuses réformes déjà engagées ou envisagées. L’action publique locale doit être, dans la période actuelle, confortée au plan institutionnel et mieux soutenue au plan financier pour permettre aux élus d’apporter des réponses adaptées aux besoins de la population ». Vaste programme !
La grand-messe aura donc lieu, avec c’est vrai ce fil conducteur qui n’a d’autre prétention que de prendre de la hauteur face aux polémiques, par ailleurs savamment entretenues, relevant des réformes encours, qu’il s’agisse de la réforme territoriale comme de la suppression de la taxe professionnelle.
Mais au fond, chacun sent bien que les maires, eux surtout, se sentent pris en étau. Non pas qu’ils ne fassent pas front aux difficultés qui sont les leurs, ni qu’ils rejettent en bloc les nécessaires réformes entreprises, des réformes annoncées et auxquelles il fallait donc bien s’attendre !
La question centrale porte sur l’éternel triptyque qui alimente depuis près d’un quart de siècle leur vie au quotidien.
Primo, ils se voient transférer des compétences, nouvelles, jugeant celles-ci souvent utiles. Mais ils reprochent à l’Etat de n’avoir pas mis en face le transfert de moyens correspondants, leur permettant de les appliquer.
Secundo, ils veulent des garanties, la plupart déçus par le passé du «flou artistique de cette extension par trop erratique des lois de décentralisation et la portée des réformes encours justifie pleinement leur réaction inspirée ni par la méfiance, ni par la défiance.
Tertio, ils sont désormais tous conscients que l’accumulation, avec les années, de tant d’échelons administratifs avec des prérogatives qui souvent se recoupent ne pouvait que déboucher, un jour ou l’autre, sur une simplification, décision de bon sens et justifiée aussi par le gâchis énorme dont ils ont eux-mêmes souffert ne pouvant utiliser les avantages des systèmes de leviers financiers de l’Union européenne, notamment sur le fondement du principe de subsidiarité.
A ce triptyque s’est ajoutée la crise, crise au départ financière mais dont les effets se font ressentir dans la plupart des secteurs marchands, crise aussi de Société et crise enfin liée à une mutation profonde, qui s’est extraordinairement accélérée, des attentes de nos concitoyens.
Le résultat est, pour eux, un nouveau défi. Celui de servir encore mieux leurs administrés, en leur apportant des réponses différentes, innovantes et efficaces.
La situation est trop grave et trop sérieuse pour laisser la place à une polémique ou un quelconque affrontement. Les vieux clivages politiciens sont devenus complètement anachroniques.
Il n’y a pas de fatalité qui par ses possibles conséquences serait le plus souvent déclinée en une suite d'oppositions frontales. Laissons aux autres faire s’arcbouter le rationnel et l'émotionnel, le logique et le pathologique, le discours et l'indicible !
Depuis quelques années, la mystique est devenue un objet œcuménique et interreligieux de premier plan ayant donné naissance à une forte demande de redressement spéculatif face à l'essor actuel des sectes et au développement des syncrétismes religieux. Il n’y a de place, dans ce débat, que pour l'expérience, celle d’abord de la pensée, et, sans doute plus profondément encore, celle qui doit conduire nos édiles laïcs à repousser toutes tentations d’inscrire la mystique comme alternative au « religieux », en quelques sortes aux confessions car ni la politique de proximité, ni d’ailleurs la philosophie, ne sont-des exercices spirituels, fussent-ils inspirés par une expérience.
Les maires ne sont ni pris en étau ni même en otage. En revanche, il leur échoit le devoir d’être de farouches partisans du réalisme, c'est à dire que la réalité qui existe, indépendamment de notre volonté.
C’est assurément par l'exercice de la raison, des théories qui vont approcher la vérité, sachant qu'on ne l'atteint jamais, que se construiront les socles fondateurs de notre destin futur, laissant de côté tous ces petits cénacles ridicules de l'intellocratie qui ne sait qu'être servile. D’ailleurs, Einstein lui-même ne passait-il pas son temps à objectiver le produit de ses expériences subjectives pour les soumettre au feu de la critique et parvenir à formuler des théories d’une pertinence supérieure ?
Des idéologies déterministes et totalitaires du XX° siècle, il ne doit rien rester sinon le devoir de mémoire. Parce que l’indéterminisme n’est pas suffisant, la clarification s’impose et viendra, d’elle-même, relâcher la force de l’étau imaginaire au sein desquels ni les maires, ni les élus locaux, engagés dans un processus continu de résolution de problème qui s’initie, chaque jour, avec davantage d’acuité.
« Si un décideur public suivait une démarche aussi rigoureuse du point de vue épistémologique, pour chaque projet il formulerait des hypothèses, monterait un prototype, évaluerait la pertinence de ses hypothèses de départ en cherchant à montrer qu’elles sont fausses pour les remplacer par des hypothèses plus vraies, et ne généraliseraient qu’ensuite son dispositif » comme l’a si bien formulé le très décrié philosophe Karl Popper.