« Ces gesticulations (...), assez lâche, sont sans portée et ne sont pas de nature à troubler la sérénité et la grandeur de la démocratie républicaine de notre pays » …
De violents heurts ont opposé dans la soirée durant 02H30 une petite centaine de jeunes portant des cagoules ou masqués de foulards à de très nombreux CRS et gendarmes mobiles, retranchés derrière de lourdes grilles qui barraient l'accès au quartier de la préfecture de Corse sur la principale artère de la ville, le cours Napoléon.
Les jeunes ont lancé des projectiles --lourdes pierres, barrières métalliques, voire cocktails Molotov et "marrons de terre", des boules de plastique remplies d'un mélange d'explosif agricole.
Les incidents ont éclaté vers 18H45, juste après la fin d'une courte manifestation bloquée par les forces de l'ordre à 50 m de la préfecture.
Le défilé rassemblait selon la police environ 600 personnes, 8.000 à 9.000 selon les organisateurs, sous le mot d'ordre "Resistenza e Libertà" (Résistance et liberté).
La banderole de tête réclamait "Libertà per i patriotti" ("liberté pour les patriotes"), allusion à la soixantaine de militants nationalistes corses détenus considérés par les manifestants comme des "prisonniers politiques".
La quasi-totalité des partis et associations autonomistes ou indépendantistes avaient appelé à cette manifestation pour interpeller les candidats à l'élection présidentielle et réclamer "une solution politique" en Corse, notamment le droit à l'autodétermination.
Les clandestins, eux, continuent de faire parler la poudre alors que les nationalistes publics peinent à peser efficacement dans les débats, depuis leur échec relatif aux élections territoriales de mars 2004 avec 17,34% des suffrages et huit sièges à l'Assemblée de Corse.
Une villa a été cible d'un attentat en Haute-Corse dans la nuit de vendredi à samedi tandis qu'à Cauro (Corse-du-Sud), près d'Ajaccio, deux inconnus ont mitraillé la façade de la brigade de gendarmerie vers 3h15 la même nuit.
Dix impacts ont été relevés, sept sur un mur aveugle et trois sur la voiture d'un gendarme dans la ligne de mire.
"Les tirs auraient pu avoir des conséquences très graves", s'est ému le préfet de Corse Michel Delpuech.
Ces attentats, s'ils ne sont pas encore revendiqués, surviennent deux jours après la revendication d'une trentaine d'actions par l'un des deux principaux mouvements indépendantistes clandestins.