Peillon : son coup d’éclat serait-il mal analysé ?

Par Bernard M.
Publié le 20 janvier 2010 à 15:38

Le «coup» médiatique du responsable socialiste, refusant, en cours d’émission, d'intervenir face à Eric Besson et Marine Le Pen sur France 2 n'en finit pas de lui valoir moqueries et attaques.

Et ses amis, ceux de son camp, ne l’épargnent pas. Par exemple Manuel Valls n'a pas été tendre avec son camarade arguant que l’«on a toujours intérêt à débattre, à présenter ses idées. Critiquant aussi et surtout la méthode : dire qu'on y va pour ne pas y aller après, ça pose forcément toujours un problème de crédibilité». Et pour le député-maire d’Evry, Vincent Peillon aurait surtout dû éviter d'en appeler, par communiqué, à la démission d'Arlette Chabot, animatrice de l'émission et surtout directrice adjointe de France 2.

Le PS, la presse, tous ses sont acharnés. Les chiens étaient lâchés. Il fallait « bouffer » du Peillon.

Mais alors, pourquoi donc officiellement Martine Aubry aurait-elle soutenu l'eurodéputé, en privé ?


Le PS d’abord a là de quoi fournir des armes pour faire entendre ses revendications sur les conditions d'un «débat de qualité» majorité/opposition.



La célèbre animatrice pour renforcer ses soutiens internes dans cette grande maison très syndiquée et infiltrée à un moment où elle savait que son poste come celui de nombreux autres amis étaient menacés du fait de la réforme en profondeur de l’audiovisuel public.



Les médias, journaux, radios et TV qui en ont fait leurs choux gras, avec force manchettes en Une.

Et puis enfin l’intéressé lui-même qui, par ce biais, a d’une part assis son image de trublion calme, modéré mais ferme a sein de l’opposition, a pu aussi ainsi se satelliser pour 2012 en accroissant d’un coup d’un seul sa notoriété et enfin en semant le doute dans l’esprit des françaises et des français sur les arrangements occultes qui précèdent ces matchs de catch. Donc même si les chaînes du service public sont les seules où de vrais débats politiques sont encore organisés, il faut reconnaître – Arlette Chabot l’a fait sous la contrainte – que ce sont les règles du débat médiatique qu’il faut changer.



D’ailleurs, a posteriori, Vincent Peillon ne regrette rien et assume allant même jusqu’à dire que son coup d'éclat était préparé depuis longtemps.



L’unanimité de façade contre lui qui s’en est ensuivi se disloquera avec le temps car les pions habilement placés par l’auteur permettront que se constituent des alliances encore au stade embryonnaire. Et l’avenir du parti de la rue de Solferino passera désormais par Peillon, juste à cause – ou grâce – à un coup d’éclat …