Schéma Régional Climat Air Energie : une feuille de route structurante et ambitieuse pour l’avenir de l’Ile de France

Par Bernard M.
Publié le 02 juillet 2012 à 10:45

Après l’échec constaté à Rio+20 il y a seulement quelques jours, la Région présente, après une année de concertation en copilotage avec les services de l’Etat, son projet de Schéma Régional Climat Air Energie. Comme l’exprime le président Jean-Paul Huchon, « s’il y a un enseignement à retenir du sommet de Rio, c’est que les collectivités territoriales sont le bon échelon pour faire avancer les thèmes du développement durable. Ce changement est à la fois nécessaire pour protéger l’environnement, mais également bénéfique pour l’économie francilienne. » En effet, consommer moins et produire localement des énergies renouvelables, cela veut dire plus d’emplois, des filières locales et des factures énergétiques réduites pour les ménages et les entreprises. Pour Hélène Gassin, Vice-présidente en charge de l’environnement, de l’énergie et de l’agriculture : « si l’Ile-de-France représente 20% de la population sur moins de 3% du territoire national, notre objectif est qu’elle relève les défis énergétiques et climatiques en divisant par quatre ses émissions de gaz à effet de serre avant 2050 et que son taux d’indépendance énergétique passe à 45% contre 5% aujourd’hui. Le SRCAE montre que cela est tout à fait possible. Et bien sûr sans recourir aux huiles de schistes de son sous-sol. ». Le SRCAE, présenté aujourd’hui aux élus régionaux avant son adoption définitive à l’automne, montre le chemin à suivre, en donnant à la fois les objectifs globaux à atteindre mais également le chemin détaillé pour y parvenir. Il est assorti de recommandations adaptées à chaque acteur et secteur d'activité. D’après Hélène Gassin : « Le SRCAE souligne l’ampleur de l’effort à engager : si nous voulons respecter nos engagements climatiques, il faut changer de braquet maintenant ! Nous sonnons la mobilisation générale de tous les acteurs, qu’ils soient publics ou privés, pour réaliser ensemble la transition énergétique. » Ces objectifs doivent avoir valeur d’engagements pour tous les acteurs concernés, pour que la transition énergétique se concrétise. Les collectivités, à travers leurs Plans Climat Energie Territoriaux, mais aussi les entreprises du territoire, peuvent s’appuyer sur le SRCAE pour s’investir dans la maîtrise de l’énergie et le développement des énergies renouvelables. La voie a été tracée collectivement. Approuvée par la élus régionaux puis portée à connaissance de tous les franciliens qui pourront réagir à son contenu, cette stratégie aura une vrai légitimité démocratique. Il ne s’agrat pas d’un plan imposé d’en haut. Concernant le Schéma Régional Eolien, annexe du SRCAE, le Conseil Régional considère que ce document a un très fort pouvoir de contrainte. En conséquence, elle défend une approche ouverte et respectueuse des choix locaux et demande donc au Préfet de région[1] de soumettre à la concertation les hypothèses hautes du schéma contrairement à ce qui est prévu à ce jour. Chiffres et éléments clés Le SRCAE : un document pour faire face aux enjeux du XXIè siècle • Objectifs 2020 Alors que l’Ile de France est en grande dépendance énergétique avec seulement 11% de la consommation d’énergie produite sur le territoire, et seulement à 5 % par des énergies renouvelables, les objectifs franciliens sont cohérents avec ceux adoptés par l’Union Européenne (paquet « 3x20 »). Les objectifs de la Région à horizon 2020 sont : - accroissement de 20% de l’efficacité énergétique finale dont réduction de 5% de la consommation d’électricité - réduction de 28% des émissions de gaz à effet de serre - faire passer la part des énergies renouvelables de 5% à 11,5% de la consommation finale soit une augmentation de 90% de la production. • Objectifs 2050 A l’horizon 2050, afin d’atteindre les objectifs climatiques (diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre), la Région Ile-de-France doit diviser par plus de deux ses consommations énergétiques (-56%). Ceci permettra à la région d’atteindre un taux d’indépendance énergétique de 45 % sans recours aux huiles de schistes, ni accroissement de la production d’agro carburants, ni rupture technologique. • Comment faire ? Outre les objectifs globaux, le SRCAE établit aussi le chemin pour les atteindre et des recommandations précises. o Mobilisation générale dans le secteur des bâtiments La sobriété peut à elle seule permettre un gain de 5% minimum. Le potentiel d’économie d’énergie et de réduction d’émissions de gaz à effet de serre est très important dans le secteur des bâtiments. Il faut le mobiliser pleinement. Le rythme de rénovation doit être multiplié par trois, pour passer de 45 000 à 125 000 logements rénovés chaque année (2,5% du parc par an). Le secteur tertiaire doit également accélérer les rénovations énergétiques avec 7 millions de m²/an (3,3% du parc par an). - logements individuels privés : 3% du parc par an soit 40 000 logt - logements collectif privé : 2.2% du parc par an soit 50 000 logt - HLM : 3.4% du parc par an soit 35 000 logt - Tertiaire public : 4% du parc par an, soit 2.7 M m²/an - Tertiaire privé : 2.5% du parc par an, soit 3.6 M m²/an La qualité des rénovations doit également fortement augmenter afin d’avoir au moins 31 000 logements et 1.75 M m² de tertiaire rénovés chaque année au niveau « bâtiment basse consommation » Les modes de chauffage doivent également évoluer : - Le chauffage électrique par convecteur (effet joule) doit disparaître de toutes les constructions neuves à partir de 2013. - Chauffage fioul, GPL et charbon doivent totalement disparaitre d’ici 2020 - les réseaux de chaleur doivent se développer fortement : + 40% de logements doivent être raccordés en 2020 par rapport à 2005, soit environ 65 000 logements nouvellement raccordés chaque année. Après 2020, le rythme de rénovation de logement doit encore augmenter pour passer à 180 000 par an, plus une généralisation du standard BBC. o Energies renouvelables : changer de braquet en Ile-de-France Du fait des spécificités franciliennes, une augmentation de 40 % des réseaux de chaleur en 2020 est nécessaire pour développer les énergies renouvelables comme la géothermie (x2) ou la biomasse (x27). La production de biogaz doit se généraliser (x7). Par ailleurs, l’objectif sur le solaire thermique est d’atteindre en 2020 le niveau d’équipement actuel en Allemagne, c'est-à-dire 0.157 m²/hab en 2020 et sur le solaire photovoltaïque, le niveau actuel en France (42.7Wc/hab). Cela nécessite une multiplication de la puissance installée par 45 et par 68 respectivement, du fait de l’important retard pris par la région. Tous ces objectifs sont considérés sans rupture technologique, et sont évidemment inférieurs au potentiel régional. o Les transports : des changements structurels de longue haleine Le SRCAE repose sur l’application du Plan de Déplacement Urbain d’Ile-de-France, en cours d’adoption. Il prévoit la réduction de 2% du trafic automobile, le fort développement des transports en commun (+20%) et de la marche et du vélo (+10%). Ceci permettra de réduire les émissions du secteur de 20%. Cet effort devra être notoirement accru après 2020 pour atteindre le facteur 4 en 2050. Concernant le secteur aérien, par convention exclu du périmètre de comptabilité des émissions de GES des SRCAE, il est impératif qu’il participe à l’effort de réduction. Sans cela, même une faible croissance pourrait anéantir tous les efforts effectués dans les autres secteurs. o Les autres secteurs mis à contribution Les autres secteurs (industrie, agriculture) sont également mis à contribution, de manière adaptée à leur impact dans le bilan régional et à leurs potentiels de réduction des consommations et des émissions de gaz à effet de serre. Pour un Schéma régional éolien ouvert et équilibré Ce document présenté en annexe du SRCAE définit les zones « favorables » à l’éolien, c'est-à-dire les seules communes autorisées à développer l’éolien. Les communes situées en zones non favorables ne pourront plus développer de projet éolien, tandis que celles situées en zones favorables en auront la possibilité, si elle le désire. En conséquence, à la fois dans un objectif d’équilibrage territorial et dans l’objectif de laisser à autant de territoires que possible l’opportunité de développer de l’éolien s’ils le désirent, la Région souhaite la mise en consultation d’un SRE le plus large possible. Cela revient à ajouter à la proposition dite de base les zones favorables de la « variantes 1 » (inclusion de territoires concernés par une zone d’entrainement militaire du GIH dans le sud et dans l’ouest de la région) et celles de la « variante 2 » (inclusion de certaines zones du Parc Naturel du Vexin).