Avec une perte de trois points au premier tour en une semaine, Ségolène Royal (24%) voit de nouveau l’écart se creuser par rapport à son principal concurrent ...

Si le score de Ségolène Royal connaît une progression parmi les cadres supérieurs, il subit néanmoins l’effet d’une campagne erratique, qui trouble l’électorat potentiel de la gauche par son obstination à revenir sur des thèmes où celle-ci se contredit et se divise. De ce côté-ci de l’échiquier politique, José Bové est celui qui profite le plus des difficultés de la candidate socialiste, avec une progression d’un point (2%), sans que la prééminence d’Olivier Besancenot sur la « gauche de la gauche » soit pour autant remise en cause.
Dans le camp adverse, Nicolas Sarkozy bénéficie d’une concentration accrue du vote des sympathisants de droite en sa faveur (51%), Jean-Marie Le Pen stagnant à un assez bas niveau (12%), sous l’effet de la progression du résultat de l’ancien ministre de l’Intérieur et de Philippe de Villiers (+ 1,5 point pour chacun).
En raison d’une certaine polarisation politique mais aussi d’une progression de quelques
« petits candidats », François Bayrou voit son espace se rétrécir. Il ne rassemble plus aujourd’hui que 18% des intentions de vote (-2), maintenant son score parmi les sympathisants de gauche (10%), mais reculant nettement parmi ceux de droite (24%, - 4 points).
En dépit des difficultés de la candidate socialiste, la probabilité de la présence du candidat centriste au second tour ne s’est donc pas accrue cette semaine. L’hypothèse aujourd’hui de loin la plus vraisemblable, celle d’un affrontement Ségolène Royal contre Nicolas Sarkozy, se conclurait à l’avantage de ce dernier (54%), qui voit les reports d’intentions de vote de François Bayrou en sa faveur s’améliorer significativement (46%, contre 32%
pour Ségolène Royal).
L’avance de huit points en faveur du candidat de droite au second tour est d’autant plus remarquable que 83% des électeurs se disent sûrs de leur choix, proportion qui n’est que
de 67% pour les intentions de vote de premier tour. Ces chiffres sont néanmoins légèrement inférieurs à ceux enregistrés début avril 2002 (respectivement 86% et 72%).
La progression des intentions de vote au premier comme au second tour en faveur de Nicolas Sarkozy s’opère dans un contexte de politisation grandissante. Les Français sont aujourd’hui 76% à se dire « intéressés » par la campagne électorale (+8 points depuis le début de l’année) et 79% « incités à aller voter » par celle-ci (+ 3 points). Ces résultats sont d’autant plus remarquables qu’ils sont assez homogènes sociologiquement. De plus, seuls 15% des Français disent ne jamais parler actuellement de l’élection présidentielle avec leurs proches, cependant que 18% en parlent quotidiennement, discussions qui tournent davantage autour des propositions des différents candidats (42%, au lieu de 39% à la fin février) que des traits de caractère de ceux-ci (18%, - 2 points).
Au-delà des événements particuliers qui ont récemment rythmé la campagne électorale, l’avantage accru de Nicolas Sarkozy confirme la validité de sa stratégie de confortation de son propre électorat, plutôt que de proposer comme François Bayrou un dépassement du clivage gauche-droite, ou bien, de mener comme Ségolène Royal, d’incessants va-et-vient de part et d’autre de cette ligne.
Cette fidélisation réussie permet à Nicolas Sarkozy d’envisager un bon score de premier tour, sous réserve que demeure contenu jusqu’au 1er tour un vote lepéniste aujourd’hui autant enregistré à un bas niveau qu’il est banalisé dans son expression.