HLM : peut-on vraiment reprendre le bail après le départ ou le décès d’un parent ? Ce que la loi permet (et interdit) en 2025

HLM : peut-on vraiment reprendre le bail après le départ ou le décès d’un parent ? Ce que la loi permet (et interdit) en 2025
Par Laetitia Laporte
Publié le 16 septembre 2025 à 10:21

Chaque année, des milliers de familles se posent la même question : peut-on vraiment reprendre le bail d’un logement HLM après le départ ou le décès d’un parent ? Si l’attachement au logement familial est fort et la tentation grande de perpétuer l’histoire entre ses murs, la réalité réserve bien des surprises. Entre règles strictes, conditions parfois méconnues et procédures pointilleuses, le chemin vers la reprise d’un bail HLM est semé d’embûches… mais pas totalement impossible. Plongeons dans les coulisses de cette démarche souvent méconnue.

Un logement pas comme les autres

Avant toute chose, rappelons que le HLM (habitation à loyer modéré) occupe une place toute particulière dans le paysage immobilier français. Il ne s’agit pas d’une simple location privée où le bail se transmettrait comme un secret de famille. Obtenir un logement social, c’est le fruit d’un parcours du combattant : dossier solide, patience parfois sur plusieurs années et respect de nombreux critères. Mais une fois la porte franchie, la question de l’avenir du bail se pose inévitablement si la situation familiale évolue.

Peut-on alors, en cas de départ précipité ou de disparition d’un parent, prétendre à la succession du bail ? Les réponses ne sont pas toujours celles qu’on imagine…

Reprendre le bail après un départ ou un décès : pas si simple

La loi ne laisse rien au hasard. Selon l’article 14 de la loi du 6 juillet 1989, la reprise du bail d’un HLM n’est envisageable que dans deux situations précises : le décès du titulaire ou l’abandon du logement. Mais attention, l’abandon ne se confond pas avec un déménagement préparé ou une séparation annoncée. Il s’agit d’un départ brusque, souvent inattendu, laissant la personne restante devant le fait accompli, sans explication ni possibilité de dialogue.

Dans ces circonstances exceptionnelles, la loi ouvre la porte à la reprise, à condition de remplir scrupuleusement certains critères. Mais lesquels ?

Bon à savoir : Un déménagement prévu ou une séparation consentie ne permettent pas de bénéficier du transfert du bail. Seules les situations de départ soudain ou de décès sont concernées.

Les critères incontournables pour espérer reprendre le HLM familial

  1. Avoir résidé de façon stable dans le logement
    Le premier réflexe à adopter : réunir toutes les preuves attestant que vous viviez sous le même toit que le parent titulaire du bail depuis au moins un an avant son départ ou son décès. Factures, documents administratifs, attestations officielles : chaque détail compte pour établir cette cohabitation.
  2. Respecter les plafonds de ressources exigés
    L’accès au logement social, et donc à la reprise du bail, est soumis à des plafonds de revenus. Ceux-ci varient selon la zone géographique (A, B ou C). Par exemple, en 2024, pour une personne seule, le plafond annuel était fixé à 24 316 € en zone A (Bordeaux, Lyon…) et à 32 084 € en zone C (Paris, Versailles…). Un détail qui peut tout changer : le moindre euro au-dessus du plafond suffit à rendre la reprise impossible.
  3. Appartenir à la famille proche
    La loi réserve ce droit aux descendants (enfants, petits-enfants), ascendants (parents, grands-parents), au conjoint marié ou pacsé, au concubin notoire non co-titulaire du bail voire à une personne économiquement dépendante déclarée comme vivant dans le foyer (comme une personne handicapée ou vulnérable de plus de 65 ans).

La moindre faille dans le respect de ces critères peut compromettre définitivement la demande. D’où l’importance de ne rien laisser au hasard…

Le dossier administratif : la clé d’une reprise réussie

Remplir les conditions légales ne suffit pas. Il faut aussi monter un dossier administratif irréprochable. L’administration attend des pièces justificatives pour chaque critère : preuves de résidence commune (quittances, attestations, factures), état civil, avis d’imposition récent, attestation de ressources… Chaque pièce est épluchée, chaque détail analysé. Le moindre oubli peut ralentir, voire faire échouer la demande.

Astuce : N’hésitez pas à solliciter l’aide d’un conseiller ou d’une assistante sociale. Grâce à leur expertise, ils peuvent vous aider à constituer un dossier complet et répondre à toutes les exigences administratives, souvent complexes pour les non-initiés.

Des situations parfois uniques… et des exceptions

Chaque histoire est différente, chaque dossier est unique. Parfois, la réalité familiale ne rentre pas dans les cases prévues par la loi. Un concubin non déclaré, un neveu ayant partagé le logement, une personne vulnérable qui n’a pas été formellement inscrite sur le bail… Autant de situations qui interrogent, mais qui, hélas, donnent rarement lieu à une issue positive. La réglementation reste stricte, même si certains organismes HLM peuvent, à la marge, faire preuve de souplesse en cas de circonstances exceptionnelles dûment justifiées.

Attention cependant : tenter de dissimuler une situation ou de produire de faux documents pour forcer la reprise du bail expose à des poursuites et à une éviction du logement. La transparence est toujours la meilleure alliée.

Quand la famille et la loi s’affrontent

L’attachement à un logement HLM familial est souvent immense. Mais la réglementation, elle, ne fait pas de sentiment. L’objectif premier reste de garantir l’accès au logement social à ceux qui en ont le plus besoin, selon des critères objectifs et vérifiables. D’où la frustration, parfois, pour ceux qui espéraient pouvoir prolonger l’histoire familiale entre ces murs.

Pour résumer

Reprendre le bail HLM d’un parent n’est donc pas une simple formalité, et chaque étape est déterminante. Si vous êtes concerné, assurez-vous d’avoir vécu suffisamment longtemps dans le logement, de respecter les plafonds de ressources et d’appartenir à la famille proche. Ensuite, préparez un dossier rigoureux, en n’omettant aucune pièce justificative. Et surtout, gardez en tête que la loi veille à ce que chaque logement social bénéficie à ceux qui en remplissent toutes les conditions. La vigilance et la patience sont vos meilleurs alliés dans cette aventure administrative… où chaque détail compte !