De vrais technophiles, les Français. Chaque foyer possède au moins une télévision, un téléphone fixe, un ordinateur portable et un fixe et un mobile. La box (câble ou satellite), la chaîne hi-fi, le lecteur DVD ou Blu-Ray et la console de jeux vidéo font également partie des équipements très fréquents dans une maison française, selon le baromètre Sofinscope d'OpinionWay pour Sofinco. "La diversité des appareils numériques présents dans les foyers français est une petite révolution par rapport à il y a une dizaine d'années, souligne Julien Goarant, directeur d'études chez OpinionWay. Depuis deux-trois ans, la tendance s'accélère avec des produits ayant une très grande attractivité et un coût non négligeable à la fois à l'achat et à l'usage."
Bilan : chaque foyer dépense en moyenne chaque année 1914,10 euros en budget technologies, à peine moins que celui consacré à l'énergie (2302,80 euros). Si près des deux-tiers sont destinés aux abonnements (Internet, téléphone, câble, etc.), à raison de 111,70 euros par mois, les ménages consacrent chaque année 573,70 euros en moyenne à s'équiper ou à renouveler leur matériel high-tech. Une somme peu compressible puisque le baromètre souligne que les foyers qui gagnent moins de 1000 euros par mois investissent 425,30 euros par an dans les produits numériques. A contrario, les plus fortunés n'hésitent pas à faire grossir ce budget, encore considéré par 49 % des personnes interrogées comme un budget "loisirs" et non une contrainte.
En témoigne la liste de souhaits des Français : parmi les objets qu'ils envisagent d'acquérir sur les 12 prochains mois, en acquisition ou en renouvellement, figurent en tête la tablette numérique (19 %), le smartphone (17 % et même 26 % pour ceux qui possèdent déjà cet appareil) et l'ordinateur portable (15 %), dont la popularité ne se dément pas. "Bien qu'un peu superflue, il y a une très forte envie pour la tablette mais le vrai frein, c'est le prix", remarque Julien Goarant. A 365 euros en moyenne, c'est effectivement une somme. Florence Santrot- Metro France
"Le smartphone provoque un attachement affectif peu rationnel"
Ancien directeur du laboratoire Fnac et désormais consultant, Victor Jachimowicz analyse pour Metro les résultats du baromètre Sofinscope.
Les Français sont-ils devenus les champions des nouvelles technologies ?
Même si ces chiffres montrent qu'ils y sont très attachés, ils ne sont certainement les plus grands consommateurs de high-tech au monde. Par exemple les télévisions des Allemands sont en moyenne plus grandes et plus chères que les nôtres. Le taux d'équipement des Français en smartphones est loin d'être le plus important au monde, il est à peu près équivalent à celui des Anglais. On est désormais loin de l'idée de prestige et de statut social que pouvait procurer ces objets. Finalement les Français sont comme tout le monde et voient que le bénéfice de l'appareil technologique est enrichissant.
Par sa relation très personnelle avec l'utilisateur, le smartphone peut-il expliquer cet attachement ?
Il est en effet un objet très individuel dont les possesseurs ne peuvent plus se passer. Il provoque un attachement affectif pas très rationnel, comme pouvaient le faire une montre ou un stylo à d'autres époques. D'ailleurs une étude récente montrait que les utilisateurs de tablettes avait tendance à la partager au sein de leur foyer, quand le smartphone restait très personnel. De la même manière que la voiture, il tient autant de l'utile que du plaisir. Le consommateur doit donc désormais arbitrer entre ces deux notions.
La grande proportion des services dans ces dépenses est-elle étonnante ?
Effectivement, c'est un budget qui n'existait pas il y a encore quinze ans. Mais les abonnements sont devenus essentiels, sans eux plus rien ne fonctionne. L'évolution des modes de vie doit désormais tenir compte de ces dépenses annuelles obligatoires. Posséder des terminaux mobiles sans abonnement est devenu tout à fait inutile.