Pour Yannick JADOT, député européen, en charge du dossier sur les normes de CO2 des véhicules :
« L’industrie automobile est confrontée à un triple défi : un défi de compétitivité qui se traduit par une restructuration brutale ; un défi climatique, environnemental et sanitaire dont le coût considérable pour la société fait l’objet d’évaluations de plus en plus précises ; un défi social avec des destructions massives d’emplois et une contrainte de prix des carburants de plus en plus dure pour beaucoup de ménages.
Trop longtemps, notre industrie automobile a fait du diesel une valeur refuge qui bénéficie d'une fiscalité incitative sur mesure. L'enjeu aujourd'hui c'est de diminuer notre consommation de carburant et d'apporter des solutions pour que l'industrie automobile s'oriente vers la production de véhicules plus efficaces en énergie. Ce n'est pas simplement la question du diesel qui se pose, c'est aussi celle d'une économie industrielle obsolète qu'il nous faut réinventer. Les stratégies d'innovations des constructeurs automobiles ont été marginales et largement subventionnées par l'Etat, sans aucune conditionnalité sociale, environnementale ou industrielle !. Depuis 2009, le gouvernement français a mobilisé près de 9 milliards d'euros pour soutenir l'industrie automobile, dont 1 milliard pour la seule prime à la casse. On peut se demander si cet argent a été bien investi et si l'Etat avait une véritable volonté d'orienter l'automobile vers la production de modèle plus sobre énergétiquement. "
"Au Parlement européen, nous essayons de convaincre qu'il est nécessaire –ET possible- de décider de normes d'émissions beaucoup plus strictes aux constructeurs automobiles. L’enjeu climatique est majeur. Ce serait aussi très bénéfique pour les automobilistes : un objectif de 80g de CO2/km en 2020 leur permettrait d'économiser au minimum 650 euros par an.
Autre urgence dans la révision de la réglementation européenne : rectifier les procédures de test que les constructeurs utilisent pour définir le seuil d'émission d'un véhicule qui sont aujourd’hui une véritable escroquerie. A force de manipulation, l'affichage environnemental d'une voiture neuve, n'a rien à voir avec la conduite de tous ! Par rapport à ce qui est annoncé, le conducteur moyen dépense environ 135 euros de plus chaque année en carburant"
Face à ces propositions le lobby automobile européen, fortement relayé au parlement, avance l’argument de la crise pour obtenir le statu quo. Nous considérons au contraire que la pérennité d’une industrie automobile européenne repose sur l’innovation. Des solutions technologiques existent qui permettent de tels gains d’efficacité énergétique, avec des dizaines de milliers d’emplois à la clé. Des équipementiers sont prêts et la production de masse de ces nouvelles technologies assurerait par ailleurs un abaissement très significatif de leurs coûts. L’imposition de normes strictes renforcerait la capacité d’innovation de l’industrie européenne et la mettrait à la pointe des avancées technologiques dans le monde, forçant les constructeurs non européens, et notamment asiatiques, à s’aligner. Prendre un nouveau retard aujourd’hui, puisque les évolutions sont inévitables, placerait au contraire ces concurrents en position rapidement dominante".