10 septembre : un blocage national total menace de paralyser la France

10 septembre : un blocage national total menace de paralyser la France
Par Laetitia Laporte
Publié le 24 juillet 2025 à 14:57

Un parfum de déjà-vu flotte dans l’air. À mesure que le plan d’austérité présenté par François Bayrou anime débats et tensions, une date commence à circuler avec insistance sur les réseaux sociaux et les messageries cryptées : le 10 septembre. Mais derrière cette « Mobilisation10septembre », se cache-t-il un nouveau souffle du mouvement des Gilets jaunes ? Ou s’agit-il d’autre chose, d’une contestation aux ressorts inédits ?

Le réveil d’une contestation : origines et relais

Tout a commencé discrètement, mais la dynamique s’accélère. Un nouveau site, Mobilisation10septembre.blog, s’est imposé comme le relais central de l’appel au blocage national. Son interface, baignée de jaune, n’est pas sans rappeler les codes du mouvement né en 2018. À cela s’ajoutent un compte X (ex-Twitter) et une boucle Telegram, où les messages s’échangent à rythme soutenu, déjà animée par plusieurs centaines de membres.

À l’origine de cette mobilisation, une même colère : la dénonciation des mesures d’austérité jugées injustes et la volonté d’imposer un nouveau rapport de force. Les organisateurs n’en font pas mystère : le 10 septembre, ils veulent « un arrêt total du pays », une action d’ampleur pour dénoncer « les injustices et reprendre le pouvoir collectivement ».

Le site propose d’ores et déjà des visuels à partager, ciblant en particulier la réforme du délai de carence, la suppression de deux jours de congés et d’autres mesures récentes, tout en appelant à un sursaut citoyen : « C’est maintenant ou jamais. »

Des méthodes qui rappellent 2018, mais une organisation inédite ?

Si la révolte gronde, sa forme intrigue. Loin de se réclamer d’un chef ou d’un parti, la « Mobilisation10septembre » revendique une horizontalité totale, à l’image des premiers samedis des Gilets jaunes. Les discussions s’enchaînent sur la messagerie Telegram autour des actions à mener : blocages locaux, grèves, boycott, désobéissance civile, structuration en groupes de proximité.

Le site insiste : « Nous ne voulons pas gérer leur crise. Nous voulons changer de cap. Pour de bon. Avec et pour le peuple. Pas contre lui. » Un appel à la refondation, et non au simple rejet.

Certains groupes militants déjà structurés, comme le Convoi de la Liberté et le Collectif Carton jaune, relaient l’appel sur leurs propres réseaux. Le mot d’ordre est clair : chaque citoyen est invité à reprendre la main, sans attendre de consigne verticale.

Quelles revendications ? Un programme social sous tension

Derrière la colère, un socle de revendications se dessine : réinvestir dans les services publics, revaloriser les retraites, les minimas sociaux et les salaires, préserver les jours fériés et les droits sociaux conquis. Le site donne la parole à des témoignages venus de toute la France, des histoires qui font écho à la précarité grandissante et à la crainte d’une société toujours plus inégalitaire.

  1. Partage de visuels et d’arguments sur les réseaux sociaux
  2. Création de groupes locaux et organisation de réunions d’information
  3. Recensement des points stratégiques à bloquer : ronds-points, axes routiers, centres logistiques
  4. Coordination d’actions de grève et de boycott
  5. Organisation de la logistique pour tenir sur la durée

Mais la nouveauté se niche dans la méthode : pas de coup d’éclat isolé, mais l’ambition d’une dynamique continue. « Cette mobilisation ne se réduit pas à un coup d’éclat. Elle appelle à un engagement durable, à une responsabilité partagée », martèlent les initiateurs du mouvement.

La France à l’arrêt ? Menaces, espoirs et incertitudes

L’échéance du 10 septembre agite autant qu’elle inquiète. Sur les réseaux, les débats sont vifs. Certains y voient le risque d’un engrenage : « On sait tous comment ça va finir : des émeutes, des FdO agressées, des commerces pillés et des voitures brûlées ! », alerte un internaute, faisant écho aux dérives qui avaient entaché le mouvement des Gilets jaunes à son apogée.

Face à la perspective de débordements, les organisateurs martèlent leur volonté d’une action pacifique, mais le souvenir des tensions passées plane : la rentrée sociale pourrait se faire sous haute tension.

À ce stade, la mobilisation reste difficile à quantifier. Si la boucle Telegram ne compte encore que quelques centaines de membres, la viralité des messages sur les réseaux laisse entrevoir un possible effet boule de neige. Les témoignages affluent, les visuels partagés se multiplient, et le ton monte.

Un feu de paille ou la naissance d’un nouveau mouvement ?

À moins de deux mois de la date fatidique, impossible de prédire si le 10 septembre marquera un tournant ou restera lettre morte. Mais la mécanique s’enclenche : réseaux, groupes locaux, relais dans la société civile, tout semble prêt pour une rentrée sociale qui s’annonce électrique.

Dans le sillage des Gilets jaunes, ce nouveau mouvement se cherche, entre révolte et utopie, colère et espoir. L’étincelle du 10 septembre sera-t-elle suffisante pour embraser de nouveau le pays ? Ou bien la mobilisation s’essoufflera-t-elle, rattrapée par la lassitude et la division ?

Une chose est sûre : la société française n’a pas dit son dernier mot. Le 10 septembre, toutes les attentions seront braquées sur cette nouvelle tentative de blocage national, avec, en toile de fond, la question lancinante : et si les Gilets jaunes n’avaient jamais vraiment disparu ?