Chikungunya : 220 000 cas et 80 morts, L'OMS confirme la menace épidémique mondiale

Publié le 26 juillet 2025 à 12:00
Le nom « chikungunya » reste inconnu de nombreux Français. Pourtant, ce virus transmis par les moustiques menace de bouleverser notre quotidien dès 2025. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de tirer la sonnette d’alarme : un scénario épidémique mondial n’a jamais été aussi proche. Mais pourquoi cette résurgence soudaine ? Et jusqu’où le virus pourrait-il s’étendre ?
Le retour inattendu d’un virus oublié
Le chikungunya s’était fait discret ces dernières années. Pourtant, il n’a jamais réellement disparu des radars des épidémiologistes. Ce virus, appartenant à la famille des Togaviridae, est transmis par les moustiques du genre Aedes, notamment les tristement célèbres Aedes aegypti et Aedes albopictus, mieux connu sous le nom de moustique tigre.
En avril 2025, l’OMS met à jour sa fiche officielle : le chikungunya provoque une fièvre aiguë, des douleurs articulaires souvent insupportables, des céphalées, de la fatigue, des nausées et parfois des éruptions cutanées. Mais ce n’est pas tout…
Dans près de 40 % des cas, les douleurs articulaires persistent pendant des mois, voire deviennent chroniques. Pour certaines victimes, le chikungunya se transforme en véritable épreuve quotidienne.
Un virus aux conséquences parfois invalidantes
Le chikungunya n’est pas une simple fièvre tropicale. Selon l’ECDC (European Centre for Disease Prevention and Control), les personnes âgées, les nourrissons et les patients immunodéprimés courent les plus grands risques de séquelles lourdes. Pour eux, la maladie peut entraîner une invalidité importante et durable.
Mais ce qui inquiète le plus les experts, c’est la rapidité de la propagation du virus. En 2025, le nombre de cas explose dans des zones jusque-là épargnées…
L’alerte mondiale de l’OMS : le tournant de juillet 2025
Le 22 juillet 2025, l’OMS publie une alerte officielle. Selon le Dr Raman Velayudhan, chef de l’unité des maladies vectorielles à l’OMS, « le risque d’épidémie mondiale est désormais bien réel. Le chikungunya se propage plus rapidement et plus largement que jamais auparavant ».
Les chiffres confirment cette inquiétude : plus de 220 000 cas confirmés depuis janvier, répartis dans 14 pays et territoires, et déjà 80 décès recensés. Parmi les foyers les plus actifs : La Réunion, Mayotte, Maurice, mais aussi des régions inattendues comme le sud de la France, l’Italie ou le Kenya.
La France en première ligne : transmission locale confirmée
Depuis début juin 2025, la situation évolue rapidement en France métropolitaine. Pour la première fois, 12 cas autochtones sont détectés dans les départements du Sud-Est, sans aucun lien avec des voyages à l’étranger. Le moustique tigre, désormais implanté dans plus de 70 départements, est directement responsable de cette transmission locale.
Près de 800 cas importés ont également été recensés entre janvier et juillet, principalement en provenance de l’océan Indien, de l’Asie du Sud-Est et de l’Amérique latine. L’OMS alerte : « le schéma de propagation rappelle celui de l’épidémie de 2004-2005 ».
Le virus du chikungunya ne s’arrête plus aux frontières. Les zones tempérées, autrefois épargnées, deviennent désormais vulnérables face à l’implantation du moustique tigre et à la multiplication des déplacements internationaux.
Quels sont les symptômes et les populations à risque ?
Le chikungunya se manifeste d’abord par une forte fièvre, des douleurs articulaires intenses (notamment aux poignets, chevilles, doigts et genoux), des maux de tête, de la fatigue et parfois des éruptions sur la peau. Si la plupart des patients guérissent en quelques semaines, près de quatre malades sur dix gardent des douleurs articulaires invalidantes pendant plusieurs mois, voire plus d’un an.
Les personnes âgées, les nourrissons et les sujets immunodéprimés doivent redoubler de vigilance : ils risquent des formes graves et des complications prolongées.
Comment se protéger et limiter la propagation ?
Face à la menace, chacun peut agir. Voici les réflexes à adopter pour réduire les risques :
Éliminer toutes les sources d’eaux stagnantes (jardinières, soucoupes, gouttières, seaux, pneus usagés…), véritables nurseries pour les moustiques.
Utiliser des répulsifs cutanés adaptés, surtout au lever et au coucher du soleil.
Porter des vêtements longs et installer des moustiquaires, notamment sur les fenêtres et autour des lits.
Signaler immédiatement à son médecin tout symptôme évocateur après un séjour dans une zone à risque.
Dans le sud de la France, plusieurs communes comme Toulon ou Montpellier ont déjà lancé des campagnes de démoustication ciblée. Les autorités sanitaires appellent chacun à la vigilance et à la responsabilité collective.
Peut-on guérir du chikungunya ? Où en est la recherche ?
À ce jour, aucun traitement antiviral curatif n’existe contre le chikungunya. La prise en charge reste symptomatique : antipyrétiques pour la fièvre, antalgiques pour la douleur, repos et hydratation. Si la plupart des patients se rétablissent, les séquelles articulaires peuvent durer de longues semaines, voire plusieurs mois.
Bonne nouvelle cependant : un vaccin est actuellement en cours d’examen par l’OMS. Il a déjà reçu le feu vert dans certains pays à forte exposition, avec l’espoir de protéger rapidement les populations les plus vulnérables.
Son homologation mondiale est très attendue. Car si le chikungunya continue sa progression, il pourrait rejoindre la liste des grandes menaces sanitaires mondiales de demain.