Comme l’an dernier, trois quarts desFrançais prévoient de profiter de cette période de grands rabais, qui dure cinq semaines, pour réaliser de bonnes affaires.
Néanmoins, le moral des ménages n’est pas au beau fixe ; la pression sur leur pouvoir d’achat et les risques qui pèsent sur l’avenir économique du pays ne constituent pas des facteurs favorables à la consommation. La prudence est de mise, d’autant plus que les craintes sur l’emploi progressent.
Ainsi, 45 % des consommateurs ont déjà décidé d'acheter moins que lors des soldes d’hiver 2012, alors qu'ils n'étaient que 39 % à afficher cette volonté à cette époque (source : enquête Ipsos).
Les professionnels du textile-habillement ne sont pas non plus particulièrement optimistes. Les ventes sur l’année 2012 devraient être en recul de plus de 2 % et la période des fêtes de Noël n’a pas permis de rattraper ce retard. Et 2013 n’annonce pas de reprise de la consommation des ménages.
Le e-commerce s’adapte à la baisse des budgets des ménages
La possibilité de réaliser ses achats en ligne, y compris pendant la période des soldes, est maintenant clairement ancrée dans la conscience des consommateurs : « acheter en ligne est bien entré dans les habitudes de nos clients » confirme ce commerçant du 12ème arrondissement. Même si les magasins restent privilégiés par 72 % des français selon une enquête de l’IFOP, le e-commerce continue sa progression et constitue une réelle concurrence car il permet aux consommateurs d’avoir une autre approche de leurs achats.
Ainsi, la principale tendance cette année confirme celle entrevue lors des années précédentes : les clients peuvent préparer leur panier en ligne, avant le démarrage officiel des soldes, et le valider une fois l’heure fatidique arrivée. Ce repérage en amont sur le web, selon la Fédération du ecommerce et de la vente à distance (Fevad), devrait concerner 7 français sur 10.
Certains sites spécialisés dans le e-commerce, prenant en considération la baisse de pouvoir d’achat des ménages, proposaient le premier jour de soldes d’hiver des rabais toujours plus importants, pouvant aller jusqu’à -80 % en première démarque.
Des ventes privées et des promotions nombreuses entre Noël et le début des soldes
Le phénomène des ventes privées ou des promotions ne cesse de se développer depuis quelques années. Possibles à n’importe quel moment de l’année, elles tendent à banaliser le caractère
exceptionnel de ventes à prix cassés. Avec 18 % des ventes de vêtements réalisées en période de promotions ou de ventres privées l'an dernier (+2 points par rapport à 2011), l’Institut Français de la Mode (IFM) estime qu’elles sont désormais au même niveau que les soldes traditionnels (19 %).
Cette année encore, les promotions et ventes privées ont été nombreuses juste après les fêtes de Noël, surtout dans les grandes chaînes d’habillement, avec parfois des rabais allant jusqu’à 40 % et plus. « Nous avons fait le choix d’organiser des ventes privées juste avant les soldes pour notre clientèle fidèle pour deux raisons : ne pas laisser de période creuse entre Noël et les soldes officielles, et les récompenser de leur fidélité en leur proposant, avant tout le monde, des produits à bas prix » affirme ce commerçant parisien d’une célèbre enseigne. La Chambre de commerce et d’industrie régionale Paris Ile-de-France (CCIR) a constaté que certaines grandes enseignes avaient mis en place le code couleur dédié aux soldes et permettaient ainsi aux porteurs de la carte du magasin d’accéder en priorité aux prix soldés. Même les grands magasins parisiens ont organisé des pré-soldes et profité de cette opportunité pour capter leur clientèle fidèle et renforcer leurs ventes.
Une météo clémente, peu favorable à la vente de pièces hivernales
La météo de ce début d’hiver est plutôt clémente et les températures globalement élevées pour la saison. Les commerçants interrogés se montrent plutôt réalistes face à cet état de fait : « avec les
températures actuelles, c’est à la fois un avantage et un inconvénient : d’un côté les clients n’hésitent pas à venir faire leur shopping et ils sont nombreux dans notre magasin, mais, de l’autre, ils se portent très peu sur les grosses pièces », précise ce commerçant du quartier des Halles ; il ajoute que « les doudounes, bottes fourrées et gros manteaux se vendent assez peu en ce premier jour ». Si la tendance se confirme, les stocks devraient rester élevés.
La CCIR a remarqué que les remises pratiquées cette année sont supérieures à celles constatées un an auparavant : dès le début de la matinée, la moyenne constatée auprès des commerçants parisiens oscillait aisément entre -40 et -50 % en première démarque. Une remise de -70 % est même proposée sur certains accessoires de mode. Les détenteurs de carte d’adhérent, comme de coutume, pouvait se voir offrir un rabais supplémentaire en cas d’achat lors des premières heures d’ouverture.
Les clients se bousculaient ce matin à l’ouverture des grands magasins parisiens. Portée par une clientèle internationale, l’activité est toujours soutenue durant les soldes et peut représenter
jusqu’à 25 % des ventes annuelles. Tout a été fait pour attirer les clients : remise de -50 % dès le début de la matinée sur certains produits, ouverture dominicale et horaires élargis jusqu’à 22h
aujourd’hui et 21h par la suite.
Des commerçants pessimistes après une saison décevante
D’après le Conseil National des Centres Commerciaux (CNCC), le budget soldes des ménages devrait être orienté à la baisse : -9 % par rapport à 2012 (223 euros en 2013 contre 244 un an auparavant) et même -11 % par rapport à 2011. Ce commerçant interrogé et basé dans le 16ème arrondissement approuve : « nous sommes réalistes et nous savons très bien que les gens ont moins d’argent à consacrer aux vêtements et chaussures ».
Malgré tout, l’affluence semble être au rendez-vous en ce premier jour et la fréquentation devrait rester soutenue jusqu’à ce week-end, comme de coutume. Les consommateurs devraient profiter
des premiers jours pour faire leurs affaires. Néanmoins, la représentativité de ces premiers jours dans l’activité globale des cinq semaines de soldes reste à démontrer.
Enquête effectuée par téléphone le 9 janvier 2013 auprès d’une cinquantaine de commerçants parisiens du prêt-à-porter et de la chaussure par le CROCIS de la Chambre de commerce et de
l’industrie régionale Paris Ile-de-France. Ces résultats sont complétés par des entretiens en face-àface réalisés le même jour auprès de certains commerçants parisiens.
Le 6 février 2013, le CROCIS dressera un bilan définitif des résultats des soldes à partir d’une enquête réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 300 commerçants parisiens, complétée
par 80 entretiens en face-à-face, qui déterminera si les soldes d’hiver 2013 ont atteint leurs objectifs dans les commerces parisiens.