
Mercredi, George Bush a émis le souhait que tout soit mis en œuvre pour stopper le programme nucléaire iranien, et ainsi "éviter une Troisième guerre mondiale", reprenant les termes utilisés par Bernard Kouchner il y a un mois et qui avaient à cette époque soulevé une polémique
Mais cette menace d'un conflit armé, dirigée directement vers Téhéran, s'adresse également aux oreilles de Moscou. Les déclarations de Vladimir Poutine lors de sa visite à Téhéran l'ont forcément contristé, alors qu'il avait reçu auparavant l'assurance que le Kremlin partageait les inquiétudes occidentales de voir l'Iran en position de se munir de l'arme nucléaire.
Vladimir Poutine
Le dirigeant russe a profité de son passage à Téhéran pour clarifier son opposition à de nouvelles sanctions contre l'Iran.
Pour son pays, l'enjeu est économique autant que politique, permettant au passage d'asseoir un peu plus le retour de la Russie au rang de superpuissance.
Il a réitéré l'assurance de la coopération Russe envers l'Iran, promettant entre autres la mise en service de la centrale nucléaire civile de Bushehr dans les délais prévus.
Mahmoud Ahmadinejad
Dans cette partie à trois, le dirigeant Iranien n'est pas en réelle position de force, malgré ses rodomontades, adressées au président Américain. Seul, il ne peut mener à bien son supposé programme nucléaire civil, et il reste tributaire d'approvisionnements en combustible nucléaire par la Russie. Celle-ci a d'ailleurs subordonné ses livraisons à la mise en service de la centrale de Bushehr, elle-même subordonnée aux règlements financiers à la Russie par l'Iran. Les dominos à l'échelle des pays, en quelque sorte.
Son seul rempart contre de nouvelles sanctions économiques par l'ONU réside dans l'opposition du Kremlin, et il a donc tout intérêt à ménager son allié du moment, même au prix de l'abandon de certaines prérogatives sur le partage de la mer Caspienne.
Dans ce bras de fer rappelant la guerre froide, où Bush et Poutine tiennent les premiers rôles, le président iranien fait figure de faire-valoir tenu en haleine par l'ogre Russe, dont l'argumentation concernant l'absence de preuves d'un éventuel programme nucléaire militaire paraît jouer le rôle de prétexte.
Si l'on tient compte des affrontements récents entre les USA et la Russie au sujet du déploiement d'un nouveau bouclier anti-missiles, la perspective de ce conflit larvé s'élargit, et l'Iran est ramené au rang de comparse momentané.
Il apparaît donc que la Russie établisse le marché comme un échange : bouclier anti-missiles américain en Europe contre programme nucléaire Iranien.