Dans un rapport de 500 pages portant sur l'ensemble du monde développé et intitulé "Temps de travail décent : nouvelles tendances, nouvelles problématiques”, "l'instance de Genève veut mettre en exergue des tendances fortes qui se dessinent", explique Jon Messenger, expert au BIT et coauteur du rapport.
Parmi ces tendances, les experts relèvent l'essor des heures de travail "atypiques c'est-à-dire de nuit et le week-end". Une évolution qui montre que "de plus en plus de sociétés veulent flexibiliser les horaires de travail pour coller au plus près de la demande de services ou de biens, et cela au lieu de jouer sur les stocks ce qui coûte cher", explique Jon Messenger.
Et de citer tout particulièrement la France qui, sur fond de régime des 35 heures, illustre cette expansion des horaires atypiques. "Entre 2000 et 2005, la part des salariés travaillant la nuit est passée de 4,6 % à 7,1 % et ceux travaillant le samedi de 24,8 % à 31,3 %.
Pour le dimanche, le pourcentage est passé de 9,2 % à 14 %", poursuit Jon Messenger pour qui "les pays industrialisés semblent évoluer vers une économie du sept jours sur sept et du 24 heures sur 24".
Au Canada, le travail de week-end concernait en 2003 18,5 % contre 11 % une décennie plus tôt. Mais le BIT souligne également le caractère de plus en plus "imprévisible" des horaires de travail avec une organisation décidée d'une semaine à l'autre, voire d'un jour à l'autre, particulièrement dans les services.
"La notion de temps de travail moyen perd de son sens", commente Jon Messenger, "car elle dissimule des situations très différentes" en termes de répartition des horaires de travail.
Ainsi dans une chaîne de distribution qui n'est pas nommée dans le rapport, les rotations des équipes s'accélèrent au rythme de toutes les quatre heures ce qui se traduit par un émiettement des heures travaillées durant la semaine ou le mois. De leur côté "les salariés qualifiés ou dans l'encadrement sont amenés à travailler au-delà de 48 heures (maximum selon la norme BIT) sans aucune compensation", souligne Jon Messenger.
D'où, conclut le rapport, un hiatus croissant entre les besoins des entreprises et les souhaits des salariés et "le besoin d'une nouvelle politique qui protège l'équilibre vie personnelle - vie professionnelle".