Dès l'entrée en fonction du nouveau gouvernement palestinien, les premières brèches sont apparues samedi au sein de la communauté internationale. La Norvège, un donateur majeur des Palestiniens, a immédiatement annoncé la reprise de son aide. La Grande-Bretagne, la France et l'ONU ont laissé entrevoir un possible infléchissement de leur position en fonction des actes du cabinet de coalition.
Jusqu'à présent, la communauté internationale avait maintenu un cap de fermeté à l'égard du précédent gouvernement palestinien, totalement Hamas, en exigeant le renoncement à la violence, la reconnaissance de l'Etat d'Israël et le respect des accords passés, les trois principes posés par le Quartette (Union européenne, Nations unies, Russie et Etats-Unis).
Avec l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement de coalition composé de ministres du Hamas (radical) et du Fatah (modéré), l'Etat hébreu redoute que certains pays se montrent moins exigeants et soient désormais prêts à reprendre des contacts directs avec le cabinet palestinien.
Une fois investi, le nouveau gouvernement Haniyeh s'est d'ailleurs empressé d'appeler la communauté internationale à lever son boycott. Mais ni les Etats-Unis ni l'Union européenne n'ont annoncé de changements notables de leur position. Dans un communiqué publié dimanche par la présidence allemande, les Vingt-Sept ont réaffirmé leur souhait de "travailler et prêter assistance à un gouvernement palestinien légitime reflétant les principes du Quartette".
Quant à l'administration Bush, elle a jugé le discours d'investiture du Premier ministre palestinien "décevant et incohérent par rapport aux principes du Quartette". Selon le département d'Etat, les Etats-Unis continueront de s'adresser au président Mahmoud Abbas, du Fatah.
Israël, sans surprise, a annoncé la poursuite de son boycott et a notamment jugé impossible toute négociation de paix avec un gouvernement palestinien qui ne reconnaîtrait pas son droit à l'existence. Cette position affichée par Ehoud Olmert a été approuvée dimanche par le gouvernement israélien lors d'un vote en Conseil des ministres (19 voix pour, aucune contre, deux abstentions).
Le Premier ministre israélien a particulièrement relevé dans le programme du nouveau gouvernement la référence au droit du peuple palestinien à la résistance "sous toutes ses formes" à l'occupation. "Nous ne pouvons pas avoir de contact avec les membres d'un gouvernement qui justifie la résistance ou, en d'autres termes, le terrorisme", a déclaré M. Olmert à ses ministres.