Elle stipule que "les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni".
Ce texte, qui n'est pas dépourvu d'arrières-pensées électorales à l'endroit du Québec, n'a pas de portée juridique ni constitutionnelle.
Mais le fait que 16 députés aient voté contre, malgré la position de leurs partis, illustre les tensions entourant le débat sur la spécifité québécoise et les craintes que la résolution n'ouvre une brèche dans l'unité canadienne.
Dès avant le vote, elle a provoqué une démission au sein même du gouvernement de M. Harper, celle du ministre des Affaires intergouvernementales, Michael Chong, pour qui la reconnaissance des Québécois comme nation donne des armes aux partisans de l'indépendance du Québec.
"Je crois en une nation, indivise, qui s'appelle le Canada", a-t-il expliqué.
Un peu plus tôt, Gerard Kennedy, un des candidats à la direction de la principale formation d'opposition, le parti libéral, avait lui aussi exprimé publiquement lundi son hostilité au texte, estimant "irresponsable de conférer une reconnaissance officielle à l'idée de nation sans la définir".
La formulation de la résolution avait été pesée avec soin. Elle parle des Québécois et non du Québec pour éviter de conférer une dimension territoriale à cette reconnaissance et insiste sur l'appartenance de la nation québécoise au Canada.
Conscient des inquiétudes que son geste pouvait soulever notamment parmi les Canadiens anglophones, M. Harper a souligné à plusieurs reprises que sa résolution ne constitue ni un "amendement constitutionnel ni un texte juridique", mais "une déclaration de reconnaissance et un geste de réconciliation".
Son initiative visait à contrer les indépendantistes du Bloc québécois, qui avaient déposé une motion réclamant la reconnaissance de la nation québécoise, mais sans faire référence à son appartenance au Canada.
Les indépendantistes entendent organiser un troisième referendum sur la sécession de la province francophone s'ils reviennent au pouvoir à Québec. La province s'est prononcée à deux reprises, en 1980 et 1995, contre la souveraineté, mais de justesse la seconde fois.
Chantal Hébert, une experte reconnue, estimait lundi dans Le Devoir que le Bloc a sans doute "fourni à M. Harper l'occasion d'un geste spectaculaire pour redorer son blason au Québec".
Le Québec représente un enjeu électoral important. Dans la situation actuelle, aucun grand parti canadien ne peut espérer disposer d'une majorité sans faire un bon score dans la province francophone. Et M. Harper dirige un gouvernement minoritaire.
Mais son geste en faveur du Québec pourrait aussi lui coûter des points dans le reste du Canada.