Les papiers « évidés » d’Edward Baran
Dès 1978, Edward Baran produit ses premiers papiers « évidés » dit aussi parfois « libres » ou « déchirés ». Sur un réseau de fils, trame et chaîne entrecroisées, très aérien, il pose plusieurs couches de papier, qu’il colle et peint ensuite à l’encre ou à la peinture. Vient enfin l’élimination de la surface par déchirement, qui fait apparaître les vides et structure l’espace.Cette technique lui permet de « capter l’aléatoire jusqu’à aboutir à une écriture picturale entièrement personnelle fondée sur des alternances rythmiques » [Inès Champey, 1985] en transposant dans le papier des éléments venus du tissage.Si les papiers « évidés », que l’artiste combine dans des formats très divers, parfois imposants, et dans d’infinies variations formelles et chromatiques, sont le fil conducteur de son travail et restent sa marque distinctive, Edward Baran ne cesse, pour autant d’explorer d’autres voies.
Peintures, monotypes, estampages… les autres voies d’Edward Baran :
Les dessins, la gravure sous toutes ses formes, le monotype, l’association de diverses pratiques, où parfois ressurgit une « tentation de la figuration », sont autant de moyens pour Baran d’aborder de biais et tenter de résoudre la question de la peinture, longtemps interdite à ses yeux. Depuis peu, il se mesure à la toile, symbole de « LA » peinture. C’est le chemin à l’envers de son itinéraire. Certains événements ou découvertes sont prétexte à des œuvres particulières, mais très importantes : vers 1989, il découvre l’ouvrage de James Joyce, Finnegans Wake, un « livre-monstre » qu’il s’attache pendant plusieurs années à transcrire en peinture sur papier.
Vers 1997-1998, il entreprend la série des Estampages, réalisés à partir de matrices en plâtre, à la veine parfois expressionniste, parfois plus figurative.
Avec plus de 200 œuvres présentées, l’exposition s’attache à montrer tous les aspects du travail d'Edward Baran mais aussi son évolution permettant de mieux appréhender ses créations récentes. En parallèle à cette rétrospective phare, le musée des Beaux-Arts d’Angers présente, dans le cabinet d’arts graphiques une exposition consacrée à l’artiste Gisèle Bonin (née en 1975). A travers 30 œuvres, EntreOuvert questionne l’entre-deux, entre absence et présence. C’est aussi un projet qui explore des passages entre deux langages : l’expression verbale et la création plastique. Les écrivains Jean-Noel Blanc, Christian Garcin, Denis Lachaud, Isabelle Minière, Eric Pessan, Jacques Serena et Carole Zalberg ont participé à cette expérience en répondant à l’invitation de Gisèle Bonin de composer des textes à partir de ses dessins ou peintures et/ou de lui soumettre un texte inédit afin qu’elle leur en donne sa lecture.