Signé le 22 janvier 1963 par le Chancelier allemand, Konrad Adenauer, et le Général de Gaulle, président de la République française, le Traité de l'Elysée est vite devenu un outil majeur de la construction européenne, instaurant les rencontres régulières du couple franco-allemand à différents niveaux, (chefs d'Etats et de gouvernements, ministres de la Défense, ministres des affaires étrangères, etc.).
Le Traité définit plusieurs domaines de compétence, parmi lesquelles l'engagement à renforcer les coopérations entre les universités et les organismes scientifiques des deux pays. La construction de la première source européenne à haut flux de neutrons avait déjà été évoquée à l'époque. Le physicien allemand Heinz Maier-Leibnitz et le Français Louis Néel défendaient avec passion le potentiel de la science neutronique. Profitant de l'élan créé par le Traité de l'Elysée, Néel et son ami Erwin Lewy-Bertaut, physicien d'origine allemande, ont défendu l'idée d'une nouvelle source franco-allemande de neutrons, qui serait installée à Grenoble afin de profiter de l'expertise des scientifiques locaux.
Lorsqu'en 1966 la construction de l'ILL fut décidée, il s'agissait de la toute première collaboration franco-allemande en matière de recherche. Aujourd'hui encore, l'ILL demeure la principale infrastructure de recherche issue du Traité.
Plusieurs décennies plus tard, l'ILL est toujours le premier centre de recherche neutronique au monde. Il met à la disposition des scientifiques du monde entier des faisceaux de neutrons extrêmement brillants, pour explorer la matière à l'échelle atomique. La polyvalence des neutrons permet de les utiliser dans les domaines les plus divers : de la physique de l'état solide à la chimie, la biologie, les sciences des matériaux et de la terre, l'ingénierie et jusqu'à la physique nucléaire et des particules.