Ce matin, le secrétaire national du PS aux relations extérieures a cru bon de lui rappeler «la position acceptée par tous, en dehors d’elle», à savoir la priorité de rassembler la gauche avant toute oeillade au centre. Mais Royal, déjà éconduite par le leader centriste, n’entend pas «baisser les bras». Tout comme François Bayrou qui persiste... dans son refus.
Alors que les militants du PS ont validé leurs listes jeudi dernier et qu’une convention nationale doit les entériner pour de bon, samedi à Tours, Bartolone réaffirme la stratégie pour le scrutin de mars: «être ouvert mais sur la base d’un projet clair.» La théorie se décline en trois temps: «d’abord, le rassemblement des socialistes, puis celui de la gauche et des écologistes. Les présidents de régions seront disponibles, pour cela, jusqu’au dépôt des listes. Et enfin, au second tour», accueillir ceux en accord avec le projet PS, «sans arithmétique électorale».
A Royal qui a tendu la main aux centristes, samedi, en leur proposant cinq places éligibles sur sa liste, pour faire du Poitou-Charentes «un laboratoire du rassemblement, des altermondialistes au Modem», il répond que l’antisarkozysme ne suffit pas à bâtir un front commun. Ecartant l’idée d’«une majorité de bric et de broc» qui risquerait, en 2012, de se diviser sur «un projet alternatif à Nicolas Sarkozy».
«Piège de la victimisation»
De là à envisager des sanctions contre la présidente de région qui s’écarterait de la ligne? «Ce serait la pire des choses que de procéder d’une telle manière», tranche le président du conseil général de Seine-Saint-Denis, lors du point-presse hebdomadaire du parti. Une certaine clémence, non par souci de ménager l’ex-rivale de Martine Aubry, mais pour éviter d’entrer dans son jeu: «On ne veut pas tomber dans le piège de la victimisation.»
Bartolone prend donc soin de ne pas enfoncer cette dernière, tout en marquant, l’air de rien, l’isolement de Royal dont la proposition n’a guère emballé, dimanche, les centristes: «Si nous en faisons trop sur les relations avec Ségolène Royal, on en rajoute, dans l’opinion, sur le sentiment d'un PS divisé. Nous, nous voulons démontrer que, rue de Solférino, il y a un parti rassemblé sur des propositions à adresser aux Français.» Et de déplorer l’absence prévue de la Poitevine à Tours samedi.
Une Royal qui, donc, décline les invitations mais n’hésite pas à pointer son nez lorsqu’elle n’est pas au programme. Comme à Dijon, mi-novembre à la rencontre du courant (PS) L’Espoir à gauche, organisée à Dijon par Vincent Peillon, et, ce week-end à Arras, où, sans s’y rendre, sa proposition électorale a détourné l’attention du congrès du Modem.
Corinne Lepage a moqué, lundi, cette logique. «C’est presque une habitude, chaque fois qu’un courant se réunit ou qu’un parti se réunit, elle arrive», a constaté la vice-présidente du Modem, sur France 2, préférant à l’offre de Royal «une alliance historique» avec Europe-Ecologie, occasion «loupée», selon elle, par Bayrou.
«Souvent rigolo»
Même ton amusé, ce matin, de la part du leader centriste, qui juge «souvent rigolo» le comportement de Royal. La plaisanterie s’arrête là: «Les adhérents et militants du Modem de Poitou-Charentes ont délibéré avec les autres, et à l’unanimité ils ont dit: "Notre présence au premier tour de ces élections ne se discute pas, parce qu’on a besoin de dire des choses qui, pour l’instant, ne sont pas dites dans la vie politique française"», a-t-il confirmé sur Europe 1, assurant l’avoir dit à Royal «en privé, depuis déjà des semaines et des semaines». «Je pense avoir été d’une clarté absolue, je pense qu’elle a parfaitement compris, je pense qu’elle sait exactement de quoi il s’agit. Je pense simplement que son but était un peu plus de communication que du fond», clôt le président du Modem.
Voilà qui ne suffit pas à décourager l’ex-candidate à la présidentielle, qui a fait valoir que «des personnalités centristes de qualité» approuvaient localement sa démarche. «Au nom de quoi je vais leur fermer la porte?» Demandant, sur France Info, à Bayrou de «leur laisser la possibilité maintenant de décider», elle ajoute, à juste titre: «Je ne baisse pas les bras pour autant, vous me connaissez je suis obstinée (...) Quand une cause est juste il faut tenir bon.»